Perspectives de l’économie mondiale
Obstacles à une croissance stable
octobre 2018
L’expansion régulière qui est en cours depuis la mi-2016 se poursuit : la croissance mondiale devrait rester à son niveau de 2017 en 2018–19. Par ailleurs, cependant, l’expansion est devenue moins équilibrée et pourrait avoir culminé dans certains grands pays. Les risques de révision à la baisse de la croissance mondiale ont augmenté au cours des six derniers mois, et les chances de révision à la hausse ont diminué.
Rapport
La croissance mondiale devrait s’établir à 3,7 % en 2018– 19, soit 0,2 point de pourcentage de moins que prévu en avril pour les deux années. Aux États-Unis, l’expansion reste vigoureuse, car la relance budgétaire continue de s’amplifier, mais la prévision pour 2019 a été révisée à la baisse en raison des mesures commerciales qui ont été annoncées récemment, notamment les droits de douane appliqués à 200 milliards de dollars d’importations américaines en provenance de la Chine. Les projections de croissance ont été révisées à la baisse pour la zone euro et le Royaume-Uni, l’activité ayant été moins dynamique que prévu au début de 2018. Parmi les pays émergents et les pays en développement, les perspectives de croissance de bon nombre de pays exportateurs d’énergie ont été rehaussées par la montée des prix du pétrole, mais la croissance a été révisée à la baisse pour l’Argentine, le Brésil, l’Iran et la Turquie, entre autres, en raison de facteurs propres à ces pays, du durcissement des conditions financières, de tensions géopolitiques et de la hausse des factures d’importations de pétrole. La Chine et un certain nombre de pays asiatiques devraient aussi enregistrer une croissance un peu plus faible en 2019 à la suite des mesures commerciales qui ont été annoncées récemment. Au-delà des deux prochaines années, tandis que les écarts de production se combleront et que les paramètres des politiques monétaires continueront de se normaliser, la croissance dans la plupart des pays avancés devrait ralentir pour s’établir à son taux potentiel, soit bien en deçà des moyennes atteintes avant la crise financière mondiale d’il y a dix ans. Le ralentissement de l’expansion de la population en âge de travailler et les faibles gains de productivité qui sont attendus constituent les raisons principales du fléchissement de la croissance à moyen terme. Aux États-Unis, la croissance s’affaiblira, car les effets de la relance budgétaire commenceront à s’estomper en 2020, à un moment où le cycle de durcissement monétaire devrait être à son sommet. En Chine, la croissance restera vigoureuse, mais devrait ralentir progressivement, et les perspectives restent médiocres dans quelques pays émergents et pays en développement, surtout pour ce qui est de la croissance par habitant, y compris dans des pays exportateurs de produits de base qui continuent d’être confrontés à des besoins considérables d’assainissement budgétaire ou sont plongés dans des guerres et des conflits.
Chapitre 1
Un avant-propos typique des Perspectives de l’économie mondiale (PEM) montre comment les données devenues disponibles depuis notre dernière projection modifient nos hypothèses de croissance de référence. Il accorde une attention détaillée aux plus récents développements et en interprète les implications pour l’action à entreprendre. Le présent avant-propos, qui est aussi mon dernier, situera plutôt la conjoncture actuelle dans un contexte historique plus large, afin de mieux en tirer des enseignements pour l’avenir. L’occasion justifie mon approche inhabituelle. Le présent rapport est publié peu après le 10e anniversaire de l’effondrement de Lehman Brothers et, par ailleurs, à un moment où l’incertitude monte, non seulement à propos des politiques économiques, mais aussi en ce qui concerne le cadre des relations internationales dans lequel s’élaborent ces politiques. Les dix années qui se sont écoulées depuis la crise financière mondiale de 2008–09 ont de fait été le théâtre d’événements économiques et politiques spectaculaires, une tendance qui semble avoir peu de chances de s’inverser bientôt. Comment les dirigeants pourront- ils guider leur économie à travers les eaux agitées ? Comment peuvent-ils renforcer et moderniser le système multilatéral de l’après-Seconde Guerre mondiale, qui a contribué à soixante-dix années de paix et de prospérité sans précédent ? Pour répondre à ces questions, nous devons prendre en considération non seulement l’impact de la crise elle-même, mais aussi les années qui l’ont précédée, lorsque certaines tendances importantes qui ont défini l’après-crise sont apparues pour la première fois.