Le ralentissement économique en Chine pèsera sur la croissance de l’Afrique subsaharienne
le 9 novembre 2023
L’engagement du pays dans l’économie de l’Afrique subsaharienne est en train d’évoluer et cette tendance a des répercussions sur la croissance, le commerce et l’investissement
La Chine a noué des liens économiques profonds avec des pays d’Afrique subsaharienne au cours des 20 dernières années et est devenue le premier partenaire commercial de la région. Elle achète un cinquième des exportations de la région (métaux, minerais et combustibles) et fournit la plupart des équipements et produits manufacturés que les pays africains importent.
Cependant, la reprise post-pandémie en Chine a récemment fléchi en raison d’un ralentissement du secteur de l’immobilier et d’une baisse de la demande de produits manufacturés, alors que la croissance mondiale marque également le pas.
Ce n’est pas anodin pour l’Afrique. Une baisse d’un point de pourcentage du taux de croissance de la Chine pourrait réduire la croissance moyenne de la région d’environ 0,25 point de pourcentage d’ici un an, selon les dernières Perspectives économiques régionales. Pour les exportateurs de pétrole, comme l’Angola et le Nigéria, la perte pourrait être de 0,5 point de pourcentage en moyenne.
Les répercussions du ralentissement de l’économie chinoise s’étendent aux prêts souverains accordés à l’Afrique subsaharienne, qui sont tombés sous la barre du milliard de dollars l’année dernière, soit le niveau le plus bas en près de vingt ans. Cette baisse marque l’abandon d’investissements importants dans les infrastructures, alors que plusieurs pays africains sont aux prises avec une dette publique croissante.
Les prêts que la Chine accordait à la région ont augmenté rapidement dans les années 2000, la part du pays dans la dette publique extérieure totale de l’Afrique subsaharienne passant de moins de 2 % avant 2005 à 17 % en 2021.
Cela fait de la Chine le plus grand prêteur officiel bilatéral pour les pays de la région. Cependant, la part de la dette envers la Chine reste relativement faible, à un peu moins de 6 % de la dette publique globale de la région, principalement attribuable à cinq pays : l’Angola, le Cameroun, le Kenya, le Nigéria et la Zambie.
S’adapter au changement
En raison d’une fragmentation géoéconomique qui se fait de plus en plus sentir, les pays d’Afrique subsaharienne devront s’adapter au ralentissement de la croissance et à la diminution des engagements économiques de la Chine en renforçant leur résilience, notamment en développant le commerce interafricain et en reconstituant des volants de sécurité, entre autres par le biais de réformes de la politique fiscale et d’une administration des recettes plus efficace.
Les efforts visant à diversifier l’économie des pays africains sont également essentiels pour soutenir la croissance future. La forte demande de minerais pour soutenir le développement des énergies renouvelables pourrait permettre aux pays de nouer de nouvelles relations commerciales et de renforcer leurs capacités de transformation locales.
Les pays peuvent améliorer leur compétitivité en créant un climat des affaires favorable, en investissant dans les infrastructures et en approfondissant les marchés financiers intérieurs.
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Hany Abdel-Latif et Michele Fornino sont économistes, Wenjie Chen est cheffe de division adjointe, et Henry Rawlings est chargé d’études, tous les quatre au sein du département Afrique du FMI.