Une croissance plus vigoureuse contribuerait à huiler les rouages du commerce international et, partant, à impulser la productivité et la croissance au plan mondial (Photo: ILYA NAYMUSHIN/REUTERS/Newscom).
Entretenir les rouages du commerce international
le 27 septembre 2016
- La faiblesse de l’activité économique, et en particulier de l’investissement, explique pour environ trois quarts le net ralentissement du commerce international depuis 2012.
- La perte de vitesse de la libéralisation des échanges, la récente poussée de protectionnisme et la dispersion plus lente de la production à l’échelle mondiale contribuent aussi à freiner le commerce international, mais dans une moindre mesure.
- Le volume des échanges restera vraisemblablement modéré à moins que la croissance et l’investissement ne repartent.
- La poursuite des réformes du commerce international et l’adoption de mesures destinées à aider les parties lésées pourraient contribuer à insuffler une nouvelle vigueur aux échanges et, partant, à la diffusion de la technologie et du savoir-faire.
Depuis 2012, le commerce international de biens et de services enregistre une croissance timide, de l’ordre de 3 %, soit moins de la moitié du taux enregistré durant les trois décennies précédentes. Le commerce international a à peine suivi l’évolution du PIB mondial et le ralentissement a été généralisé (voir graphique).
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Les raisons de cette faiblesse ne sont toujours pas clairement comprises. Est-ce la faiblesse de la croissance et de l’investissement qui freine les échanges? Ou bien alors les politiques restrictives sur le plan commercial ont-telles jeté du sable dans les rouages du commerce international? Une étude publiée dans l’édition d’octobre 2016 des Perspectives de l’économie mondiale examine ces questions en suivant un certain nombre de démarches complémentaires et en utilisant de nouvelles données détaillées sur les volumes d’échanges par type de produit.
Les rouages de la croissance dans la machine du commerce international
L’étude constate, sur le plan empirique, que la langueur des échanges internationaux est principalement le symptôme d’une lente reprise de l’activité économique. Environ trois quarts du déficit de croissance réelle des échanges commerciaux depuis 2012, par rapport à 2003–07, peut être imputé à l’affaiblissement de la croissance économique à l’échelle internationale, et en particulier à la modération de l’investissement. Une estimation modélisée offre un résultat comparable.
Outre les variations du niveau de croissance économique et de sa composition, d’autres facteurs interviennent dans la croissance du commerce qui, collectivement, ont fait perdre jusqu’à 1¾ point de pourcentage à la croissance mondiale réelle des importations chaque année depuis 2012. Parmi ces facteurs, les coûts des échanges — déterminés en partie par les politiques protectionnistes — et le degré d’intégration des pays aux chaînes mondiales d’approvisionnement ont contribué pour près de moitié.
Si la contribution des coûts au ralentissement du commerce international a jusqu’à présent été limitée par rapport à la contribution du ralentissement de l’activité économique, le manque de nouvelles initiatives mondiales destinées à réduire ces coûts et la montée progressive des barrières non tarifaires depuis la crise financière mondiale pourraient créer davantage de risques pour les échanges internationaux. Le ralentissement apparent du redéploiement de la production à l’échelle mondiale pèse également sur les échanges, encore qu’il soit difficile de déterminer si les débouchés des chaînes d’approvisionnement ont été épuisés, ou s’ils n’ont pas pu être exploités en raison de politiques préjudiciables au commerce.
Quelles conclusions peut-on tirer pour les perspectives du commerce mondial? L’étude signale que le commerce international et la croissance économique sont intimement liés : en règle générale, une croissance plus rapide va de pair avec un commerce plus dynamique. Étant donné que les prévisions ne tablent que sur une modeste reprise de l’activité mondiale durant les cinq prochaines années, la langueur du commerce international risque de persister.
Et même si l’économie mondiale finit par gagner en régime, il est peu probable que le commerce international connaisse les taux de croissance enregistrée avant la crise financière mondiale, lorsque l’expansion de l’investissement en Chine et dans beaucoup d’autres pays émergents était exceptionnellement élevée, les coûts diminuaient grâce à la coopération et aux progrès technologiques, et les chaînes de valeur mondiales se développaient rapidement.
De l’huile dans les rouages
La riposte des pouvoirs publics doit principalement porter sur les contraintes qui brident la croissance. Outre que cela donnera un coup de fouet à l’activité globale à l’échelle internationale, le commerce gagnera en fluidité et enclenchera un cercle vertueux en générant des gains de productivité et de croissance dans le monde entier.
Cependant, comme les faibles perspectives de croissance économique pèsent déjà sur le commerce international, les politiques commerciales elles-mêmes (par exemple accords de libre-échange) demeurent pertinentes et il importe de s’opposer à toutes les formes de protectionnisme. Par ailleurs, le démantèlement des barrières qui subsistent apporterait un appui salutaire aux échanges, éventuellement en engageant une nouvelle phase de développement des chaînes d’approvisionnement mondiales.
Il existe en outre de nombreuses possibilités de réduire les coûts liés aux échanges, dont :
-
la réduction des tarifs là où ils demeurent élevés;
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la ratification et mise en œuvre intégrale des engagements pris dans le cadre de l’Accord sur la facilitation des échanges;
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la définition d’une voie à suivre pour le programme de travail post-Doha.
Les futures réformes du commerce international doivent également se centrer sur les domaines les plus pertinents pour l’économie mondiale, comme la coopération en matière réglementaire, la réduction des barrières au commerce des services et la mise en valeur des complémentarités entre investissement et commerce transfrontaliers.
Un commerce (plus) équitable pour tous
Pour renforcer l’appui des populations à l’intégration commerciale et en préserver les avantages, les gouvernants doivent être attentifs aux préoccupations des travailleurs et des secteurs d’activité qui peinent à s’adapter à une plus grande concurrence internationale et prendre des mesures pour faciliter leur transition. Ces politiques doivent prévoir des dispositifs de protection sociale suffisamment amples, ainsi que des programmes à l’appui du recyclage, de la formation et de la mobilité professionnelle et géographique.