Communiqué de presse : L'envolée des prix met certains pays dans une situation critique, estime le FMI

le 1 juillet 2008

Communiqué de presse n° 08/156

L'impact de la flambée des prix des denrées alimentaires et des combustibles est mondial, mais il est ressenti avec une acuité particulière par les pays pauvres ou à revenu intermédiaire tributaires de ces importations, qui sont confrontés à des problèmes de balance des paiements, une accélération de l'inflation et une aggravation de la pauvreté, indique une étude du FMI. L'analyse des défis macroéconomiques lancés par ces hausses de prix fait apparaître que de nombreux gouvernements devront ajuster leur politique en réponse à ce choc et que la communauté internationale devra apporter sa contribution à la résolution de ce problème planétaire.

« Certains pays sont à un point critique », a estimé le Directeur général du FMI,

M. Dominique Strauss-Kahn, lors de la présentation de cette étude. « Si les prix des produits alimentaires augmentent encore tandis que les prix de l'énergie restent les mêmes, certains pays ne seront plus en mesure de nourrir leur population tout en préservant la stabilité économique. Ces pays doivent choisir les bonnes options économiques et bénéficier de l'aide de la communauté internationale. Le défi qui leur est lancé est aussi le nôtre. Il consiste à assurer un approvisionnement alimentaire suffisant sans remettre en cause les progrès accomplis dans la lutte contre la pauvreté suite à l'accélération de la croissance, à la faible inflation et à l'amélioration des soldes budgétaires et des balances des paiements ».

M. Strauss-Kahn a déclaré que les conclusions de cette étude soulignent la nécessité d'une approche coopérative très large réunissant les pays touchés, les bailleurs de fonds et les organisations internationales pour répondre aux effets des hausses de prix. « Le FMI collabore activement avec ses membres, auxquels il apporte des conseils économiques et un soutien financier pour répondre aux besoins urgents et aider à atténuer l'impact de cette crise », a-t-il rappelé. « Chaque pays est différent et les mesures précises que nous préconisons varient elles aussi considérablement. Mais le défi lancé à tous les pays pauvres ou à revenu intermédiaire à travers le monde est de trouver le moyen de nourrir ceux qui ont faim tout en préservant une stabilité macroéconomique chèrement acquise ».

Effets de l'envolée des prix

Les principales conclusions de cette étude comparative internationale — première évaluation à grande échelle de l'impact des hausses de prix — sont les suivantes :

  • Depuis janvier 2007. la hausse des prix des denrées alimentaires a coûté 2,3 milliards de dollars — soit 0,5 % de leur PIB annuel en 2007 — à un groupe de 33 pays pauvres importateurs nets de ces produits. Durant la même période, l'impact de la hausse des prix pétroliers sur 59 pays à faible revenu importateurs nets de pétrole a été de 35,8 milliards de dollars, soit 2,2 de leur PIB.
  • La hausse annuelle des prix des denrées alimentaires pour 120 pays à faible revenu et économies émergentes a atteint 12 % fin mars 2008, contre 10 % trois mois plus tôt, tandis que la hausse des prix des combustibles s'accélérait pour passer de 6,7 % à 9 % dans la même période, et les données préliminaires indiquent que le problème s'aggrave.
  • Les pays pauvres qui sont fortement tributaires des importations de denrées alimentaires sont particulièrement vulnérables à la hausse des prix de ces produits. La part des denrées alimentaires dans les dépenses des ménages des pays émergents ou en développement dépasse le plus souvent 50 %. L'étude montre que les ménages à faible revenu sont les plus touchés par la hausse des prix de ces produits et souligne que le pourcentage de dénutris pourrait dépasser rapidement son niveau actuel, à savoir 40 % de la population des pays en développement.

Réponses

Les prix du pétrole et des denrées alimentaires devraient se maintenir à ces niveaux élevés. L'offre a été lente à répondre à l'augmentation de la demande de produits de base, qui tient pour beaucoup à la croissance économique rapide des pays émergents et en développement.

Le FMI travaille en étroite collaboration avec ses membres sur les mesures — budgétaires, monétaires ou de change, commerciales, etc. — à prendre pour atténuer l'impact de ces hausses de prix. Tenant compte des spécificités et priorités de chaque pays, il a centré son action sur les domaines suivants :

·Politique budgétaire. Les mesures engagées à ce titre doivent prendre en considération la situation économique de chaque pays et sa capacité à dégager une marge de man_uvre budgétaire pour combattre les effets de ces hausses de coût. Certains pays ont la latitude d'assouplir leur situation budgétaire tandis que d'autres doivent créer cette marge de man_uvre en augmentant les recettes, en comprimant d'autres dépenses ou en mobilisant des dons extérieurs ou des prêts concessionnels. Le soutien de la communauté internationale s'impose de façon plus pressante dans les pays où il est difficile d'augmenter les dépenses.

  • Politique monétaire et de change. Il devrait être possible en général de faire face aux effets de premier tour du renchérissement des denrées alimentaires et des combustibles sur l'inflation, mais il faudrait que la politique monétaire ait pour objectif d'éviter que des effets secondaires n'entraînent une inflation plus généralisée. Le maintien des prix des denrées alimentaires et des combustibles à des niveaux élevés entraînera probablement une dépréciation du taux de change réel dans les pays importateurs nets de ces produits.
  • Politique commerciale. Les marchés mondiaux des produits alimentaires doivent rester ouverts, et il faut mettre fin aux politiques restrictives — taxation et interdiction des exportations, par exemple — pour que les producteurs et les consommateurs continuent à bénéficier d'incitations adéquates. L'abaissement des droits de douane peut aider à réduire les distorsions commerciales et à atténuer les hausses de prix.
  • Financements du FMI. Le FMI a déjà apporté une assistance financière concessionnelle à sept pays à faible revenu par le biais de la facilité pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance, et il est prêt à venir en aide à d'autres pays en cas de besoin. Il a entrepris par ailleurs de simplifier la facilité de protection contre les chocs exogènes pour la rendre plus utile à ses membres, et se tient prêt à apporter son appui aux pays à revenu intermédiaire dans le cadre d'accords de confirmation.

DÉPARTEMENT DE LA COMMUNICATION DU FMI

Relations publiques    Relations avec les médias
Courriel : publicaffairs@imf.org Courriel : media@imf.org
Télécopie : 202-623-6220 Télécopie : 202-623-7100