Le conseil d’administration du FMI achève la quatrième revue de l’accord au titre de la facilité élargie de crédit avec la République de Madagascar

le 22 juin 2023

  • La performance du programme reste mitigée avec un dépassement de l'objectif de déficit de 2022 mais des progrès sur le programme de réformes structurelles.
  • Redresser la JIRAMA et améliorer la transparence de ses opérations et du soutien financier du gouvernement est une priorité.
  • La décision du Conseil d'administration autorise les autorités à emprunter 24,44 millions de DTS (32,7 millions de dollars).

Washington, DC: Le Conseil d'administration du Fonds monétaire international (FMI) a achevé hier la quatrième revue du programme économique de Madagascar dans le cadre de la Facilité Elargie de Crédit (FEC). L'achèvement de la revue permet le décaissement de 24,44 millions de DTS (environ 32,7 millions de dollars) pour couvrir les besoins de financement extérieur et budgétaire, portant le total des décaissements au titre de l'accord à 171,08 millions de DTS (environ 228,7 millions de dollars).

En achevant la revue, le Conseil d'administration a approuvé des dérogations pour le non-respect de deux critères de réalisation à fin décembre 2022 : (i) le plancher du solde primaire intérieur n'a pas été atteint en raison principalement du non-paiement en 2022 des droits et taxes à l’importation par les distributeurs de pétrole ; et (ii) le plancher des avoirs extérieurs nets (AEN) de la banque centrale a été manqué de peu dans un contexte de dépréciation rapide du taux de change qui s'est arrêtée depuis. Les dérogations pour non-respect ont été approuvées sur la base des mesures correctives prises par les autorités et de la nature mineure de la violation des AEN, respectivement.

La croissance de Madagascar a ralenti et l'inflation reste élevée. La croissance devrait se stabiliser à 4,0 % et l'inflation annuelle moyenne dépasser 10 % en 2023. Le ralentissement de la croissance et les pertes de la JIRAMA pèsent sur le solde budgétaire. Le ralentissement des exportations de vanille a affecté les entrées de devises, exerçant une pression sur le taux de change.

Les risques pesant sur les perspectives sont orientés à la baisse à l'approche des élections de novembre et dans un contexte d'incertitude mondiale accrue. Madagascar reste également très vulnérable aux événements climatiques extrêmes.

A l’issue de la discussion du Conseil d’administration, Mme Antoinette Sayeh, Directrice générale adjointe et Présidente par intérim a fait la déclaration suivante :

Madagascar continue de faire face à un environnement difficile, avec de multiples chocs climatiques, une croissance plus lente et de fortes pressions inflationnistes, qui pèsent sur les segments les plus vulnérables de la population. Les autorités ont fait des progrès dans l'avancement des réformes structurelles, mais des efforts supplémentaires sont nécessaires pour améliorer l'exécution budgétaire et la gouvernance, mieux contrôler l'inflation et renforcer les politiques de résilience climatique.

La mobilisation des recettes intérieures, notamment par la mise en œuvre de réformes de l'administration fiscale et la réduction des dépenses fiscales coûteuses, ainsi que des mesures de maîtrise des dépenses seront essentielles pour atteindre les objectifs budgétaires du programme.

Les autorités ont réglé les dettes croisées avec les distributeurs pétroliers et la reprise du paiement des droits et taxes à l’importation sur les carburants devrait contribuer à améliorer le solde budgétaire en 2023. À l'avenir, la mise en place d'un mécanisme automatique de fixation des prix des carburants au début de 2024 et la réforme de la JIRAMA devraient contribuer à atténuer les risques budgétaires et créer un espace budgétaire indispensable pour les dépenses sociales et de développement.

Les autorités devraient accélérer les réformes de la gestion des finances publiques et de la dette. Il est important de rationaliser davantage le processus d'exécution budgétaire, de respecter l'annualité budgétaire et d'améliorer la gestion de la trésorerie pour éviter l'accumulation d'arriérés. Le renforcement de l'efficacité du cadre de lutte contre la corruption est crucial pour améliorer la redevabilité.

Une politique monétaire fondée sur les données est nécessaire dans un contexte de pressions inflationnistes persistantes. La transition réussie vers un cadre de ciblage du taux d'intérêt nécessite d'améliorer le fonctionnement et la transparence du marché de la dette publique, de renforcer la communication de la banque centrale et de réaffirmer son indépendance.

Les autorités devraient poursuivre leur forte dynamique de réforme. Des efforts supplémentaires sont nécessaires pour renforcer les cadres de la lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme (LBC/FT) et de la lutte contre la corruption et mettre en œuvre des réformes du secteur financier conformément aux normes internationales.

Une approche à plusieurs niveaux est nécessaire pour améliorer la résilience aux chocs climatiques et lutter contre l'insécurité alimentaire, notamment par l'opérationnalisation d'un système de réserves alimentaires et la réhabilitation des infrastructures routières.

Tableau 1. Principaux indicateurs économiques, 2019–24

2019

2020

2021

2022

2023

2024

Est.

Proj.

(Variation en pourcentage; sauf indication contraire)

Produit intérieur brut et prix

PIB à prix constants

4.4

-7.1

5.7

4.0

4.0

4.8

Déflateur du PIB

6.5

4.3

6.6

7.0

9.1

7.7

Indice des prix à la consommation (fin de période)

4.0

4.6

6.2

10.8

9.3

8.6

Monnaie et crédit

Masse monétaire (M3)

7.3

12.1

12.2

13.8

15.8

16.0

(Croissance en pourcentage de la masse monétaire (M3) de début de période)

Avoirs extérieurs nets

-2.6

2.1

1.0

0.8

6.5

5.4

Avoirs intérieurs nets

9.9

10.0

11.2

13.0

9.3

10.7

dont: Crédit au secteur privé

10.3

5.6

11.1

9.8

8.7

8.3

(En pourcentage du PIB)

Finances publiques

Recettes budgétaires (hors dons)

10.8

9.9

10.2

9.6

13.1

12.2

dont: Recettes fiscales

10.6

9.5

9.9

9.3

12.8

11.8

Dons

3.1

2.5

0.7

1.3

1.7

1.6

dont: Dons budget

0.7

0.9

0.0

0.0

0.0

0.1

Dépenses totales

15.4

16.4

13.7

17.3

18.6

17.1

Dépenses courantes

9.5

9.6

8.4

11.3

11.1

9.9

Dépenses en capital

5.8

6.8

5.3

6.0

7.5

7.2

Solde global (base engagement)

-1.4

-4.0

-2.8

-6.5

-3.8

-3.3

Solde primaire intérieur 1

0.3

-1.9

-0.1

-2.8

0.7

0.7

Financement total

1.3

3.5

3.2

4.7

5.0

3.3

Financement extérieur (net)

1.3

1.8

2.3

2.5

3.1

2.6

Financement intérieur

0.0

1.7

0.8

2.3

2.0

0.7

Déficit de financement

0.0

0.0

0.0

0.0

0.0

0.0

Epargne et investissement

Formation brute de capital fixe

21.2

19.5

23.2

21.3

24.1

23.2

Epargne nationale intérieure

20.4

12.3

10.2

15.8

19.8

18.6

Secteur extérieur

Exportations de biens, FAB

18.5

15.0

18.6

23.3

23.3

23.6

Importations de biens, CAF

26.9

24.3

28.7

34.2

32.8

33.4

Solde du compte courant (hors dons)

-5.4

-7.9

-5.5

-6.8

-6.1

-6.2

Solde du compte courant (dons inclus)

-2.3

-5.4

-4.9

-5.5

-4.4

-4.6

Dette publique

41.3

52.0

51.8

54.9

56.1

55.3

Dette publique Extérieure

27.3

36.3

34.3

36.7

39.6

40.0

Dette publique Intérieure

13.9

15.7

17.5

18.3

16.5

15.3

(Unités comme indiqué)

Réserves officielles brutes (en millions de DTS)

1196

1338

1630

1601

1588

1687

En mois d'importations de biens et services

4.2

6.0

5.8

4.2

4.0

4.0

PIB par habitant (dollars américains)

532

477

517

523

536

559

Sources: autorités malagasy et estimations et prévisions des services du FMI.

1 Solde primaire sauf les investissements avec financement extérieur et dons. Base engagement.

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