Le conseil d’administration du FMI achève les consultations de 2021 au titre de l’article IV avec le Vanuatu

le 14 septembre 2021

Washington. Le conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI) a achevé les consultations au titre de l’article IV [1] avec le Vanuatu.

La pandémie de COVID-19 et de graves catastrophes naturelles ont frappé durement l’économie du Vanuatu en 2020. Grâce à l’action décisive des pouvoirs publics, aucun cas de transmission intérieure de la COVID-19 n’est à déplorer au Vanuatu. En revanche, la fermeture de la frontière a mis le secteur touristique à rude épreuve. Par ailleurs, les projets d’infrastructure ont pris du retard. En outre, le cyclone tropical Harold et une éruption volcanique sur l’île de Tanna ont causé d’importants dégâts pendant le premier semestre de 2020. Malgré les mesures prises par les autorités, la diminution des recettes touristiques a entraîné une forte contraction de l’économie. Les bonnes recettes des programmes de citoyenneté économique (PCE) et le soutien des donateurs ont permis d’atténuer l’impact de la pandémie sur les soldes budgétaire et extérieur.

Après la forte contraction de 2020, la croissance du PIB réel devrait remonter à 1,2 % en 2021. La production agricole et les revenus issus des envois de fonds des travailleurs saisonniers viendront soutenir un retour à une croissance positive en 2021. La croissance sera également soutenue par les activités de construction, malgré les retards qui repousseront plusieurs grands projets d’infrastructure jusqu’en 2022. Les secteurs liés au tourisme devraient se contracter davantage en 2021 à cause de la fermeture prolongée de la frontière, avant d’amorcer une reprise progressive à partir de 2022.

Les risques pesant sur les perspectives sont considérables et orientés à la baisse. Une aggravation de la pandémie nécessitant une fermeture prolongée de la frontière aurait un impact négatif sur l’activité économique. Les recettes tirées des PCE pourraient chuter brutalement à cause des inquiétudes croissantes que suscitent les risques de blanchiment des capitaux et de financement du terrorisme qui leur sont associés, étant donné la perte récente de la principale relation de correspondant bancaire. Une nouvelle détérioration de la qualité des actifs des banques pourrait nuire à la solidité du système financier du Vanuatu. Le manque de transparence et l’absence d’un dispositif de contrôle efficace des entreprises publiques pourraient nuire au climat des affaires et à la bonne gestion des finances publiques. Les questions relatives à la lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme, et à la liste noire de l’UE concernant la transparence fiscale, pourraient accélérer la réduction de leurs risques par les entreprises étrangères et entraver les investissements directs étrangers (IDE). Le risque baissier lié à la survenue de nouvelles catastrophes naturelles est toujours présent.

Évaluation par le conseil d’administration [2]

Les administrateurs félicitent les autorités pour leur action décisive, qui a permis d’empêcher l’apparition d’un foyer infectieux dans le pays, et saluent leur gestion économique prudente, qui a contribué à maintenir la stabilité macrofinancière en dépit des difficultés posées par la pandémie et par les catastrophes naturelles ayant frappé le pays. Les administrateurs tiennent à rappeler que les autorités doivent accorder la priorité à la stratégie vaccinale, avec l’aide des partenaires pour le développement.

Les administrateurs conviennent que le soutien budgétaire doit être maintenu à court terme et s’ancrer à une stratégie réaliste de rééquilibrage des finances publiques à moyen terme. Ils rappellent que ce soutien doit être correctement ciblé et s’accompagner d’améliorations dans la gestion des dépenses et des investissements publics. Les administrateurs soulignent qu’une stratégie budgétaire fondée sur l’accroissement des recettes intérieures, y compris par la mise en place d’un impôt sur le revenu et d’un impôt sur les sociétés, permettrait à la fois aux autorités d’être moins tributaires des recettes tirées des programmes de citoyenneté économique, et de disposer de moyens supplémentaires pour assurer le développement du pays, notamment en réalisant des investissements visant à accroître la capacité d’adaptation des infrastructures au changement climatique. Les administrateurs exhortent les autorités à améliorer la gestion des risques budgétaires en réduisant au minimum les passifs conditionnels associés aux entreprises publiques, et notamment à la compagnie aérienne d’État.

Les administrateurs conviennent que l’orientation accommodante de la politique monétaire doit être maintenue jusqu’à ce que l’activité économique soit pleinement rétablie. Il convient de surveiller de près d’éventuelles pressions inflationnistes. Les administrateurs rappellent que les autorités doivent suivre attentivement les évolutions à l’œuvre dans le secteur bancaire, et poursuivre la consolidation des dispositifs de surveillance. Ils encouragent les autorités à mettre en place des cadres de gestion et de résolution des crises et à améliorer le recouvrement des actifs donnés en garantie, qui doit intervenir lors de la liquidation de prêts improductifs. Les administrateurs font remarquer que la numérisation pourrait améliorer l’accès aux services financiers, mais qu’il subsiste des difficultés dans ce domaine.

Les administrateurs mettent en relief la nécessité d’améliorer la gouvernance, de lutter contre la corruption et de rehausser le profil de risque du Vanuatu, afin d’atténuer les risques attachés au respect insuffisant des règles de vigilance dans le cadre des PCE et à la perte des relations de correspondants bancaires. Les administrateurs exhortent les autorités à continuer à renforcer les cadres juridiques et la capacité institutionnelle en matière de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme, de transparence fiscale, et pour ce qui concerne l’autonomie et la gouvernance de la banque centrale. Ils rappellent aussi qu’il est nécessaire que les autorités mettent en place des dispositifs de surveillance des entreprises publiques et rendent leur fonctionnement plus transparent.

Les administrateurs conviennent que la diversification de l’économie et le développement d’infrastructures de qualité sont indispensables à une croissance économique durable et inclusive. Ils mettent également en exergue la nécessité pour le Vanuatu d’améliorer sa capacité d’adaptation aux catastrophes naturelles et au changement climatique, et saluent la pleine entrée en vigueur de la loi sur la gestion des risques liés aux catastrophes naturelles, ainsi que l’examen en cours du plan national d’action et d’adaptation. Eu égard aux capacités limitées dont dispose le Vanuatu, les administrateurs encouragent les autorités à continuer de s’appuyer sur l’assistance technique dispensée par le FMI et d’autres partenaires pour le développement.


Tableau 1. Vanuatu : principaux indicateurs économiques, 2018-23

Population (2020) : 301 695

PIB par habitant (2020) : 3 090 dollars

Quote-part au FMI : 23,8 millions de DTS (0,01 % du total)

Taux d’alphabétisation (2018) : 87,5 %

Principaux produits et exportations : Kava, huile de coco, copra, cacao, viande bovine

Principaux marchés à l’exportation : Nouvelle-Calédonie, Australie, Nouvelle-Zélande

2018

2019

2020

2021

2022

2023

Estimations

Projections

Production et prix (variation annuelle en pourcentage)

PIB réel

2,9

3,9

-6,8

1,2

3,0

4,1

Prix à la consommation (moyenne de la période)

2,4

2,7

5,7

5,4

2,6

2,3

Prix à la consommation (en fin de période)

1,9

3,5

7,0

3,9

2,3

2,2

Finances publiques (en % du PIB)

Total des recettes

39,5

38,5

44,2

40,6

34,2

32,1

Impôts et taxes

18,4

17,6

14,6

16,1

16,5

17,0

Autres recettes

12,0

13,9

16,0

11,2

9,7

8,7

Dons

9,2

7,0

13,6

13,2

8,0

6,4

Dépenses

33,3

31,8

44,4

44,0

38,3

36,1

Charges

26,9

28,5

37,8

36,4

29,6

29,0

Acquisition nette d’actifs non financiers

6,4

3,3

6,6

7,6

8,7

7,1

Capacité (+)/besoin (-) de financement

6,3

6,7

-0,1

-3,5

-4,1

-4,0

Dette contractée ou garantie par l’État (en fin de période)

49,2

46,1

50,1

47,5

50,2

51,4

Intérieure

7,3

6,1

9,3

8,0

6,7

5,7

Extérieure

41,9

40,1

40,8

39,4

43,5

45,8

Masse monétaire et crédit (variation annuelle en pourcentage)

Monnaie au sens large (M2)

-0,5

9,2

5,3

-3,0

3,8

6,0

Avoirs extérieurs nets

39,0

24,2

16,9

0,0

5,2

6,3

Crédit intérieur

-4,4

-6,4

-9,5

-6,8

-1,3

1,6

Dont : Crédit au secteur privé

1,2

0,4

1,5

-3,2

0,8

1,8

Taux d’intérêt (en pourcentage, en fin de période) 1/

Taux de rémunération des dépôts en vatu

1,2

0,8

0,7

Taux d’intérêt des prêts en vatu

0,0

0,0

0,0

Balance des paiements (en pourcentage du PIB)

Solde des transactions courantes

12,2

16,0

3,3

-6,9

-8,0

-5,7

Balance commerciale

-26,2

-29,5

-23,5

-23,3

-24,3

-26,1

Exportations de biens

6,9

4,9

5,2

5,3

5,4

5,4

Importations de biens

-33,1

-34,4

-28,7

-28,5

-29,7

-31,5

Recettes touristiques

32,3

29,8

7,2

0,6

4,4

11,3

Compte de capital et d’opérations financières

-16,0

-6,5

3,5

11,4

9,4

7,9

Dont : Investissements directs étrangers

3,9

2,7

2,6

2,9

3,0

2,9

Solde global

2,7

9,8

10,9

4,5

1,4

2,2

Réserves internationales brutes (en millions de dollars)

420,6

511,6

613,6

658,2

673,0

697,7

Réserves internationales brutes (mesurées en mois d’importations prospectives de biens et services)

9,6

13,3

15,3

14,7

13,3

11,8

Service de la dette extérieure (en pourcentage des exportations de biens et de services non financiers)

4,0

6,7

18,7

31,5

11,1

7,8

Taux de change 2/

Vatu/dollar (moyenne de la période)

108,5

115,6

109,1

Vatu/dollar (en fin de période)

112,3

114,3

108,0

Postes pour mémoire :

PIB nominal (en milliards de vatu)

100,8

107,2

101,7

107,0

112,6

119,8

PIB nominal (en millions de dollars)

928

928

932

999

1 060

1 127

Sources : autorités vanuataises ; estimations et projections des services du FMI.

1/ Moyenne pondérée du taux d’intérêt pour le total des dépôts et prêts bancaires.

2/ Le vatu est officiellement arrimé à un panier de devises qui n’est pas rendu public.



[1] Conformément aux dispositions de l’article IV de ses Statuts, le FMI procède, habituellement chaque année, à des consultations bilatérales avec ses pays membres. Une mission des services du FMI se rend dans le pays, recueille des données économiques et financières, et s’entretient avec les responsables nationaux de l’évolution et des politiques économiques du pays. De retour au siège, les membres de la mission rédigent un rapport qui sert de cadre aux délibérations du conseil d’administration.

[2] À l’issue des délibérations, la directrice générale, en qualité de présidente du conseil d’administration, résume les vues des administrateurs, et ce résumé est communiqué aux autorités du pays. On trouvera à l’adresse suivante une explication des termes utilisés dans les résumés des délibérations du conseil d’administration : https://0-www-imf-org.library.svsu.edu/external/french/np/sec/misc/qualifiersf.htm

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