Le conseil d’administration du FMI achève la cinquième revue de l’accord en faveur de la Tunisie au titre du mécanisme élargi de crédit (MEDC)

le 12 juin 2019

  • La croissance reste modeste et des vulnérabilités macroéconomiques considérables persistent, mais les efforts des autorités commencent à porter leurs fruits.
  • Le budget de la Tunisie lui permet de préserver des investissements propices à la croissance et d’augmenter les dépenses sociales, mais il ne permet pas de relâcher les efforts sur le plan de la fiscalité et des dépenses courantes, après la hausse récente des salaires dans la fonction publique.
  • Les mesures à court terme doivent continuer de privilégier des réformes qui réduisent les déficits budgétaire et extérieur afin de maitriser la dette et l’inflation, tout en renforcent le dispositif de protection sociale pour les ménages à faible revenu.

Le 12 juin 2019, le conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI) a achevé la cinquième revue du programme économique de la Tunisie appuyé par un accord au titre du mécanisme élargi du crédit (MEDC). Cette décision du conseil d’administration met à la disposition de la Tunisie un montant équivalent à 176,7824 millions de DTS (environ 245 millions de dollars), ce qui porte le total des décaissements à 1 161,7133 millions de DTS (environ 1,6 milliard de dollars), et l’aide à mobiliser des financements attendus de la part d’autres partenaires et des marchés internationaux. En parallèle, le conseil d’administration a approuvé la demande de dérogation des autorités concernant le non-respect des critères de réalisation relatifs aux réserves internationales nettes et aux avoirs intérieurs nets à fin mars 2019. Ces dérogations ont été accordées sur la base des mesures correctives prises par les autorités.

 

Le conseil d’administration a également approuvé la demande présentée par les autorités d’un rééchelonnement des achats au titre de l’accord, y compris la réduction de l’accès total à un montant équivalent à 1,9522533 milliard de DTS (environ 358,1 % de la quote-part de la Tunisie. L’accord sur quatre ans au titre du MEDC avait été approuvé par le conseil d’administration en mai 2016 (voir communiqué de presse n° 16/238) pour un montant initial de 2,045625 milliards de DTS (environ 2,9 milliards de dollars, ou 375 % de la quote-part de la Tunisie au moment de l’approbation de l’accord).

 

La priorité du gouvernement pour 2019, qui est soutenue par l’accord au titre du MEDC, reste de stabiliser la situation macroéconomique tout en veillant à l’équilibre social. La politique budgétaire vise à accroître les recettes et à maîtriser les dépenses courantes afin de réduire le déficit budgétaire tout en préservant l’investissement public et en renforçant le dispositif de protection sociale en faveur des ménages à faibles revenus. La politique monétaire vise la réduction de l’inflation, et le maintien de la flexibilité du taux de change contribuera à améliorer le déficit courant et les réserves internationales. Parmi les réformes structurelles préconisées dans l’accord figurent des mesures visant à l’amélioration du climat des affaires, l’élargissement de l’accès au crédit et la réduction de la corruption.

 

À l’issue des délibérations du conseil d’administration sur la Tunisie, M. David Lipton, Premier directeur général adjoint, qui présidait la séance, a fait la déclaration suivante :

 

« Si la croissance s’est améliorée en 2017 et en 2018, elle reste modérée, et la vulnérabilité macroéconomique demeure forte, bien que les efforts déployés par les autorités commencent à porter leurs fruits. La bonne tenue des recettes et la réforme des subventions énergétiques ont conduit à une réduction sensible du déficit budgétaire ; le durcissement monétaire a commencé à faire baisser l’inflation ; et la diminution des interventions de change a permis au taux de change de mieux refléter les fondamentaux économiques. Face à un climat socio-politique domestique difficile et à des pressions extérieures, les résultats du programme ont été mitigés depuis la quatrième revue.

 

« Pour réduire les vulnérabilités, il reste essentiel de poursuivre l’effort de stabilisation tout en veillant à l’équilibre social. À court terme, il faut continuer à mettre l’accent sur la réduction des déficits budgétaire et extérieur afin d’inverser la dynamique défavorable de la dette, de réduire l’inflation et de renforcer le filet de protection sociale pour les ménages à faibles revenus. Une meilleure communication des objectifs des politiques et réformes menées par les autorités, ainsi que de leurs justifications, en facilitera la mise en œuvre.

 

« Pour réduire le déficit budgétaire à 3,9 % du PIB en 2019, les autorités devront faire preuve d’une discipline inébranlable. Leur stratégie repose sur la bonne tenue des recettes fiscales, des réformes des subventions à l’énergie – ciblées et entourées d’une meilleure communication – et une gestion rigoureuse de la masse salariale. Le budget prévoit de préserver l’investissement public, propice à la croissance, et d’accroître les dépenses sociales, mais il n’est pas possible de relâcher l’effort concernant les impôts ou les dépenses courantes après l’augmentation récente des salaires dans la fonction publique.

 

« La politique monétaire doit mettre l’accent sur le maintien de la stabilité des prix. De nouveaux relèvements du taux directeur se justifieraient si les projections d’inflation pour décembre 2019 dépassaient l’objectif fixé. Réduire le refinancement auprès de la banque centrale et réformer le dispositif de garanties, tout en préservant la stabilité financière, seront aussi nécessaires pour parvenir à réduire l’inflation.

 

« La réduction des déséquilibres extérieurs passe par la détermination par le marché du taux de change. Des adjudications concurrentielles de devises, avec des interventions réduites de la banque centrale et une communication effective avec le marché, sont essentielles pour améliorer le solde des transactions courantes et étoffer les réserves de change. Il faut continuer à renforcer la protection sociale. En particulier, une augmentation des transferts au profit des ménages à faibles revenus doit incessamment compléter les mesures qui ont été prises récemment pour améliorer l’accès au système public de santé.

 

« Les réformes structurelles doivent viser l’amélioration du climat des affaires et de l’accès au crédit afin de stimuler la contribution du secteur privé à la croissance. La nomination des membres de l’Instance nationale de lutte contre la corruption aiderait à répondre aux préoccupations quant à la corruption.

 

« Les risques auxquels le programme est exposé demeurent très élevés. Pour les atténuer, la fermeté des autorités dans leur volonté de mettre à exécution leur programme d’action et de réforme, le suivi trimestriel de celui-ci, et le soutien vigoureux des partenaires extérieurs de la Tunisie en matière d’aide financière et de renforcement des capacités, resteront essentiels. »

 


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