Oléoduc en Iraq. La croissance dans les pays exportateurs de pétrole de la région MOANAP reste modérée en raison du bas niveau des prix du pétrole (Photo: REUTERS/Newscom)

Oléoduc en Iraq. La croissance dans les pays exportateurs de pétrole de la région MOANAP reste modérée en raison du bas niveau des prix du pétrole (Photo: REUTERS/Newscom)

Moyen-Orient, Afrique du Nord, Afghanistan et Pakistan: tirer parti de l’affermissement de l’économie mondiale

le 31 octobre 2017

Les perspectives économiques de la région du Moyen-Orient, de l’Afrique du Nord, de l’Afghanistan et du Pakistan (MOANAP) restent ternes principalement en raison de la poursuite de l’ajustement au bas niveau des prix du pétrole et des conflits régionaux, note le FMI dans son dernier rapport sur les Perspectives économiques régionales de la région MOANAP. Les pays de la région doivent profiter de la reprise actuelle de la croissance mondiale pour assainir leurs finances publiques, accélérer des réformes riches en emplois et diversifier leur économie.

 « À moyen terme, la croissance devrait s’accélérer progressivement dans la plupart des pays de la région MOANAP, mais elle restera insuffisante pour s’attaquer au chômage élevé dans la région et rehausser le niveau de vie de l’ensemble de la population », a déclaré Jihad Azour, Directeur du Département Moyen-Orient et Asie centrale du FMI.

Pays exportateurs de pétrole : croissance plus faible, déficits budgétaires tenaces

La croissance globale dans les pays exportateurs de pétrole de la région devrait atteindre son point le plus bas, 1,7 %, en 2017, en raison de la baisse de la production de pétrole dans le cadre de l’accord de l’OPEP. Par contre, la croissance non pétrolière devrait remonter à environ 2,6 % en 2017 tandis que le rythme de la réduction du déficit budgétaire ralentit.

 

En dépit des progrès déjà accomplis, le bas niveau des prix du pétrole a maintenu les déficits budgétaires à des niveaux élevés dans beaucoup de pays exportateurs de pétrole, et il est donc nécessaire de continuer de mettre l’accent sur leur réduction. Ces déficits sont montés à 10,6 % du PIB en 2016, contre 1,1 % du PIB en 2014. Ils devraient être réduits de moitié cette année grâce à un rebond modeste des prix du pétrole et à des efforts considérables de rééquilibrage. Mais comme le prix du pétrole devrait rester entre 50 et 60 dollars le baril, les pays exportateurs de pétrole devront maintenir, et dans certain cas intensifier, leur effort de réduction du déficit budgétaire.

  

Pays importateurs de pétrole : croissance plus rapide, dette publique élevée

La croissance dans les pays importateurs de pétrole de la région devrait monter à 4,3 % cette année, contre 3,6 % en 2016. Cette accélération devrait persister en 2018, grâce à l’augmentation de la demande intérieure, à des réformes d’accompagnement et à l’accélération de la croissance mondiale.

Sur le front budgétaire, bon nombre de ces pays demeurent confrontés à des recettes insuffisantes d’une part et à une hausse des dépenses courantes (y compris les masses salariales publiques) d’autre part. La dette publique est ainsi passée à plus de 50 % du PIB dans la plupart de ces pays. Il convient d’accroître les recettes et de réduire les dépenses de manière ciblée, tout en protégeant les dépenses sociales et les dépenses qui sont propices à la croissance.

Bon moment pour des réformes

Tous les pays de la région MOANAP devraient profiter de l’occasion offerte par l’affermissement de la reprise mondiale pour mettre en œuvre des réformes riches en emplois. Ces pays ont besoin de telles réformes pour s’attaquer à leur chômage déjà élevé et absorber les 26 millions de jeunes qui devraient arriver sur le marché du travail d’ici 2022. Les pouvoirs publics peuvent jouer un rôle important dans le développement du secteur privé en améliorant le climat des affaires, en renforçant la transparence et la responsabilisation des institutions publiques, et en améliorant l’accès au crédit. Il est important aussi d’améliorer l’éducation de manière à mieux faire correspondre les qualifications des travailleurs et les besoins du marché, ainsi que d’encourager la libre circulation de la main-d’œuvre. Par ailleurs, il convient de maintenir les dispositifs de sécurité sociale afin de protéger les groupes vulnérables de la société.

  

Sur fond de l’affermissement de la reprise mondiale, les pays doivent aussi tirer parti du commerce international pour soutenir la croissance économique. Les pays importateurs de pétrole sont déjà mieux intégrés dans les chaînes de valeur mondiales et leurs exportations sont plus diversifiées. Ils devraient donc chercher en priorité à améliorer la qualité de leurs exportations. Les pays exportateurs de pétrole doivent diversifier leur production afin d’exporter une gamme plus large de biens et services. La plupart des pays tireraient parti d’accords commerciaux et de nouvelles possibilités d’intégration, telles que l’initiative chinoise « Belt and Road » et le Pacte avec l’Afrique.

Les Perspectives économiques régionales pour la région MOANAP ont été présentées officiellement le 31 octobre à Dubaï et le 2 novembre à Marrakech. Ce rapport présente les perspectives de croissance actuelles et les grands enjeux pour la région, en soulignant qu’il importe d’entreprendre des réformes tandis que la reprise de l’économie mondiale s’affermit.

En janvier, le FMI organisera à Marrakech, avec le Maroc, le Fonds monétaire arabe et le Fonds arabe pour le développement économique et social, la conférence « Opportunités pour tous ». Cette conférence rassemblera des représentants des secteurs publics et privés, ainsi que de la société civile, qui pourront partager leurs expériences, leurs enseignements et leurs idées sur les moyens de réaliser une croissance riche en emplois et d’élargir les opportunités offertes à tous les groupes de la société.