Le Conseil d’administration du FMI approuve un accord de 666,2 millions de dollars en faveur du Cameroun au titre de la facilité élargie de crédit

le 27 juin 2017

  • Le Conseil d’administration ouvre la voie au décaissement immédiat de 124,2 millions de DTS (environ 171,3 millions de dollars) en faveur du Cameroun.
  • Le programme du Cameroun appuyé par la FEC vise à rétablir la viabilité budgétaire et extérieure du pays et à promouvoir une croissance génératrice d’emplois tirée par le secteur privé.
  • Les réformes destinées à préserver la stabilité financière, à encourager l’inclusion financière et à lever les obstacles structurels à la compétitivité et à la diversification économique seront essentielles pour accélérer une diversification axée sur le secteur privé.

Le 26 juin 2017, le Conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI) a approuvé un accord triennal au titre de la facilité élargie de crédit (FEC) en faveur du Cameroun d’un montant de 483 millions de DTS (environ 666,2 millions de dollars et 175 % de la quote-part du Cameroun) pour accompagner le programme de réformes économiques et financières du pays.

Le programme appuyé par la FEC a pour vocation d’aider le Cameroun à rétablir la viabilité extérieure et budgétaire et à jeter les bases d’une croissance durable tirée par le secteur privé.

Outre l’approbation de l’accord, un décaissement équivalant à 124,2 millions de DTS (environ 171,3 millions de dollars) sera immédiatement mis à la disposition du Cameroun. Le montant restant sera étalé sur la durée du programme et son décaissement sera subordonné à des revues semestrielles.

Suite aux délibérations du Conseil d’administration, M. Mitsuhiro Furusawa, Directeur général adjoint et Président par intérim, a fait la déclaration suivante :

«Le Cameroun a été durement touché par le double choc des prix du pétrole et des menaces sécuritaires qui frappe la région de la CEMAC depuis 2014 et a entraîné une forte diminution des réserves de change communes. Après avoir initialement manifesté une certaine résilience grâce à la plus grande diversification de son économie, le Cameroun se heurte actuellement au ralentissement de sa croissance, au rétrécissement de ses marges de manœuvre budgétaire et extérieure et à l’augmentation rapide de sa dette publique. Le programme des autorités appuyé par le FMI vise à juste titre à répondre aux considérables besoins de balance des paiements et à rétablir la viabilité budgétaire et extérieure, tout en contribuant aux efforts collectifs destinés à reconstituer les réserves régionales. L’impulsion des autorités camerounaises a été déterminante dans la riposte régionale concertée mise en œuvre pour préserver l’intégrité du régime monétaire de la CEMAC.

«Pour corriger les déséquilibres budgétaire et extérieur grandissants il faudra réaliser un travail soutenu et équilibré d’assainissement budgétaire fondé sur une augmentation des recettes non pétrolières, une hiérarchisation des projets d’investissement public qui se révèlent porteurs en termes de croissance et une rationalisation des dépenses courantes, tout en protégeant les dépenses sociales. Le programme budgétaire des autorités s’appuie sur de vastes réformes structurelles dans la mobilisation des recettes et la gestion des finances publiques, afin de renforcer davantage la mobilisation de recettes non pétrolières, d’accroître l’efficience de la dépense et de maîtriser les risques budgétaires.

«Les autorités sont déterminées à renforcer la compétitivité du Cameroun et son potentiel de croissance à moyen terme, dans le droit fil de leur stratégie visant à atteindre l’émergence à l’horizon 2035. L’achèvement des grands projets d’infrastructures d’énergie et de transport contribuera à doper l’investissement du secteur privé, la création d’emplois et la diversification de l’économie, et il va de pair avec des réformes complémentaires destinées à préserver la stabilité financière, à élargir l’accès à la finance et à améliorer le climat des affaires.

«La réussite du programme du Cameroun dépendra aussi de la mise en œuvre de politiques et réformes d’accompagnement par les institutions régionales.

Annexe

Évolution récente de la situation économique

Première économie de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC), le Cameroun a été durement touché à partir de 2014 par les chocs issus de la chute des cours du pétrole et de l’aggravation des menaces sécuritaires. Les recettes pétrolières ont diminué et les dépenses sécuritaires et humanitaires se sont accrues, tandis que les programmes d’infrastructures nécessaires ont poursuivi leur mise en œuvre, d’où un creusement des déficits budgétaire et courant ainsi qu’une accumulation rapide de dette extérieure.

Après avoir initialement affiché une certaine résilience face aux chocs, le Cameroun a vu sa croissance s’affaiblir à 4,7 % en 2016, contre 5,8 % en 2015 et 5,9 % en 2014. L’inflation est descendue à 0,3 % à la fin 2016 et elle se maintenait à un faible niveau de 0,4 % en mars 2017. Elle devrait rester en dessous du critère de convergence de la CEMAC de 3 % à moyen terme. Le déficit budgétaire s’est creusé à 6,5 % en 2016, contre 2 % du PIB en 2015, principalement en raison d’une augmentation des dépenses en capital et d’une diminution des recettes.

Synthèse du programme

La stratégie de réformes du Cameroun s’inscrit dans la démarche régionale concertée tracée lors du Sommet des Chefs d’État de Yaoundé de décembre 2016, durant lequel les autorités camerounaises ont impulsé une riposte coordonnée pour préserver la stabilité extérieure régionale et l’intégrité du régime monétaire. Dans ce contexte, le programme du Cameroun appuyé par la FEC vise à rétablir la viabilité budgétaire et extérieure du pays et à promouvoir une croissance génératrice d’emplois tirée par le secteur privé. Le programme s’appuie sur trois piliers principaux : i) un assainissement budgétaire concentré sur le court terme pour accroître les marges de manœuvre budgétaire et extérieure, tout en protégeant les dépenses sociales et les dispositifs de protection sociale; ii) des réformes structurelles sur le plan budgétaire pour accroître les recettes non pétrolières, améliorer l’efficience des investissements publics et la qualité du système budgétaire et atténuer les risques issus des passifs conditionnels; iii) des réformes pour accélérer une diversification économique impulsée par le secteur privé et accroître la résilience du secteur financier.

La réalisation des objectifs budgétaires du programme passera par une meilleure hiérarchisation des investissements publics, centrée sur les projets d’infrastructure essentiels à une plus grande diversification économique, et par la rationalisation des dépenses publiques en biens et services, tout en favorisant une augmentation des dépenses sociales fondamentales et des dispositifs de protection sociale. En outre, compte tenu du tassement des recettes pétrolières dans la durée, il sera primordial de développer davantage les recettes non pétrolières et d’accroître l’efficience de la dépense de manière à pouvoir maintenir la marge de manœuvre budgétaire nécessaire à l’investissement dans les infrastructures et dans d’autres domaines prioritaires.

Pour corriger les faiblesses qui subsistent dans la gestion des finances publiques, les autorités entendent renforcer la crédibilité et la transparence du budget, y compris grâce à la publication de rapports réguliers sur l’exécution du budget, améliorer la gestion de trésorerie, limiter strictement et éliminer à terme le recours aux procédures exceptionnelles et accroître l’efficience de la planification, de l’exécution et du suivi des projets d’investissement.

La gestion de la dette publique se centrera sur la diminution du taux d’accumulation de la dette conformément aux objectifs de déficit budgétaire du programme, en veillant à ce que les nouveaux emprunts fassent davantage appel à des concours plus concessionnels, et en suivant de près les passifs conditionnels.

Les réformes destinées à préserver la stabilité financière et à promouvoir l’inclusion financière ainsi qu’à lever les obstacles structurels à la compétitivité seront vitales pour accélérer une diversification fondée sur le secteur privé.

Rappel

Le Cameroun, qui a adhéré au FMI le 10 juillet 1963, disposent d’une quote-part de 276 millions de DTS.

Pour plus informations sur le FMI et le Cameroun :

http://0-www-imf-org.library.svsu.edu/external/country/CMR/index.htm

 

Cameroun : principaux indicateurs économiques, 2015-20

2015

2016

2017

2018

2019

2020

Est.

Est.

Proj.

Proj.

Proj.

Proj.

(variation annuelle en pourcentage, sauf indication contraire)

Comptes nationaux et prix

PIB à prix constants

5,8

4,7

4,0

4,6

5,0

5,1

PIB pétrolier à prix constants

28,1

-4,5

-2,4

-0,1

-3,4

-3,8

PIB non pétrolier à prix constants

4,9

5,1

4,3

4,8

5,3

5,5

Déflateur du PIB

0,3

-1,2

0,9

1,0

1,3

1,7

Prix à la consommation (moyenne)

2,7

0,9

0,7

1,1

1,4

2,0

Commerce extérieur

Exportations en volume

17,8

1,0

2,0

5,2

6,7

8,5

Secteur pétrolier1,4

27,9

-3,1

-2,4

-0,1

-3,4

-3,8

Secteur non pétrolier

15,2

2,2

3,2

6,5

9,0

11,0

Importations en volume

-5,0

-19,0

4,0

5,3

4,9

4,7

Termes de l’échange

-13,8

-20,4

3,4

-1,0

-3,5

-2,9

Monnaie et crédit

Monnaie au sens large (M2)

9,1

5,6

3,3

5,7

6,4

7,5

Crédit intérieur au secteur privé

12,8

6,4

5,8

9,3

10,8

11,2

(pourcentage du PIB sauf indication contraire)

Opérations de l’administration centrale

Total recettes et dons

17,9

16,3

16,7

17,3

17,6

17,7

dont : Recettes pétrolières

3,3

2,4

2,4

2,4

2,3

2,2

Total dépenses

19,9

22,8

20,1

19,8

19,6

19,3

Solde budgétaire global (base ordonnancements)

-2,0

-6,5

-3,4

-2,5

-1,9

-1,6

Épargne nationale brute

17,2

16,5

16,9

17,8

18,9

20,1

Investissement intérieur brut

21,3

20,1

20,0

20,8

21,6

22,4

Investissement public

6,7

8,3

7,3

6,9

6,7

6,5

Investissement privé

14,6

11,9

12,7

13,9

14,9

15,8

Secteur extérieur

Solde des transactions courantes, dons compris

-4,1

-3,6

-3,1

-3,0

-2,7

-2,2

Solde global, dons compris

2,9

-4,7

-2,0

-1,2

-1,3

0,4

Dette publique

Stock de la dette publique2,3

33,0

34,1

36,1

36,1

36,1

35,1

Dont : dette extérieure

21,3

22,7

26,6

29,2

31,1

31,2

Pour mémoire

PIB nominal (milliards FCFA)

16.807

17.386

18.242

19.273

20.498

21.925

Pétrole

876

700

917

913

867

831

Hors pétrole

15.931

16.686

17.325

18.360

19.630

21.094

Sources : autorités camerounaises; estimations et projections des service du FMI.

1 Le prix d'exportation du pétrole correspond aux prix effectifs de ces dernières années; pour l'année en cours et les années à venir, les projections reflètent les fluctuations du prix moyen au comptant du pétrole brut (APSP), pour trois types de brut (Brent daté, West Texas Intermediate et Dubai Fateh), sans décote.

2 Comprend l’écart de financement cumulé.

3 Les projections sont tirées d’une mise à jour de l'analyse de viabilité de la dette de 2015, qui exclut l'encours de la dette pour laquelle la France a accordé un allégement au titre du contrat de désendettement et de développement (C2D).

4 Les volumes de brut sont augmentés à compter de 2018 d’exportations de gaz naturel d’un volume de 60 millions de pieds cubes standard par an.

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