Bulletin du FMI : L’importance de l’éducation et de l’inclusion pour résoudre le chômage des jeunes
le 8 octobre 2015
- Dans le monde, 40 % des chômeurs sont des jeunes
- Au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, un tiers des jeunes ne trouvent pas de travail
- Les clés de la réussite sont la passion, la confiance et les relations
Des animateurs de jeunesse du monde entier se sont réunis lors des Assemblées annuelles du FMI, au Pérou, pour échanger leurs points de vue et leurs expériences sur le rôle de l’éducation dans la lutte contre le chômage des jeunes et sur les moyens de stimuler l’emploi des jeunes dans le secteur formel, qui offre un cadre plus favorable en termes de perspectives de carrière, de couverture sociale et de protection de l’emploi.
DIALOGUE AVEC LA JEUNESSE
Tout en étant plus nombreux à être instruits, mieux formés aux technologies et plus adaptables que toute autre génération, les jeunes adultes ont plus de difficultés à trouver du travail, a constaté Mme Carla Grasso, Directrice générale adjointe du FMI, dans son mot d’ouverture. Évoquant les 1,8 milliard de jeunes qui peuplent la planète et pourraient modeler notre avenir commun, elle a souligné le «décalage apparent entre les compétences recherchées par les employeurs et les entreprises et ce que les jeunes apprennent à l’école, à l’université et en formation professionnelle».
Des perspectives difficiles
Ahmed Shihab-Eldin, journaliste et modérateur du débat, a interrogé les animateurs venus d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine sur les défis actuels du chômage des jeunes et les solutions qu’ils entrevoient dans ce domaine.
L’accès aux technologies, à Internet et aux outils de réseautage et d’apprentissage, ainsi que l’existence d’institutions connectées au monde entier promouvant les meilleures pratiques ont été amplement abordés durant , présidente 2015 de CADE Universitario, au Pérou, considère que l’un des principaux défis est d’entrer en relation et en réseau avec les personnes qui peuvent être sources d’inspiration. S’agissant de l’égalité hommes-femmes, elle s’est dite optimiste, constatant qu’un nombre croissant de femmes maîtrisent les technologies. Elle a jugé que le Pérou pourrait être davantage connecté au monde, sachant que «seul un petit pourcentage de Péruviens ont accès aux technologies», en particulier à l’éducation en ligne.
L’éducation et le rôle des enseignants, les inégalités d’accès aux débouchés professionnels et la «fuite des jeunes cerveaux» à l’étranger ont également été débattus. Pour Iyinoluwa Aboyeji, entrepreneur africain et cofondateur d’Andela, une société nigériane de formation aux logiciels qui met en contact des employeurs de premier plan et des talents africains inexploités, le chômage résulte principalement de l’inadéquation entre le système éducatif et le marché du travail. Mais, avec l’afflux actuel de capitaux vers l’Afrique, les jeunes ont de très grandes chances de trouver des emplois durant les 20 prochaines années.
Fondatrice de We the Teachers en Indonésie, Amanda Putri Witdarmono a mis en avant l’apathie croissante à l’égard des enseignants et l’importance des modèles. «Très peu d’enfants veulent enseigner plus tard, a-t-elle indiqué, ce n’est pas le métier le plus recherché ni le plus prestigieux. C’est un véritable problème, car le corps enseignant doit actualiser ses compétences.»
La confiance et l’optimisme sont essentiels
Le conseil des intervenants aux jeunes cherchant à entrer sur le marché du travail est de demeurer confiants et optimistes, de saisir les opportunités et de rester connectés. Joao Felipe Scarpelini, militant, entrepreneur social et conseiller jeunesse à Nations Unies-Somalie, l’exprime en ces termes : «Il faut savoir ce qui vous passionne. Si vous êtes enracinés dans votre communauté et que vous en connaissez les besoins, inutile de chercher un emploi qui durera 50 ans. Lancez-vous, obtenez de l’expérience.»
Daniel Maurate, le ministre péruvien du Travail et de la Promotion de l’Emploi, a décrit son propre itinéraire d’«immigré» ayant quitté la campagne pour la ville et ses difficultés d’intégration dans une nouvelle société. Il a souligné la nécessité de promouvoir l’emploi, notamment en renforçant le capital humain. S’adressant aux jeunes, il leur a conseillé de cultiver l’estime de soi : «Vous devez vous respecter et respecter vos origines.» Il a ajouté que les formations professionnelles et l’adéquation entre les compétences et le marché du travail étaient importants pour l’emploi des jeunes.
Tous les intervenants ont préconisé que les gouvernements consultent les jeunes et les intègrent très en amont à l’élaboration des politiques; allègent les formalités administratives; et améliorent les infrastructures techniques ainsi que la communication visant à atteindre et sensibiliser les jeunes.
(de gauche à droite : Mariel Renteria , Iyinoluwa Aboyeji, Carla Grasso, Ahmed Shihab-Eldin, Amanda Putri Witdarmono et Joäo Felipe Scarpelini)