Communiqué du Groupe intergouvernemental des vingt-quatre pour les questions monétaires internationales et le développement
le 10 octobre 2013
Le 10 octobre 20131. Nous, les ministres du Groupe intergouvernemental des Vingt-Quatre pour les questions monétaires internationales et le développement, avons tenu notre quatre-vingt-dixième réunion à Washington, le 10 octobre 2013 sous la présidence de M. Fernando Aportela, Sous-secrétaire aux finances et au crédit public du Mexique, assisté de M. Karim Wissa, Égypte, Premier Vice-Président, et de M. Mohammad Safadi, Ministre des finances du Liban et Second Vice-Président.
Économie mondiale et stratégie de croissance
2. Les pays émergents et en développement ont un énorme potentiel de croissance et continueront à être la force motrice de l’économie mondiale. Nous notons cependant que les prévisions de croissance pour 2013 et 2014 sont en légère baisse par rapport au mois d’avril, en raison du ralentissement de la croissance des pays émergents. Cette décélération n’a rien d’étonnant compte tenu des rythmes de croissance très élevés atteints avant la crise et des effets défavorables du net ralentissement et des difficultés et incertitudes persistantes tant en Europe qu’aux États-Unis. Les pays à faible revenu ont été moins touchés et leur croissance demeure vigoureuse, notamment en Afrique subsaharienne.
3. Nous sommes préoccupés par l’augmentation de la volatilité des marchés financiers mondiaux provoquée par l’annonce de l’arrêt des politiques monétaires non conventionnelles, ainsi que par le regain d’incertitude dans quelques grands pays avancés. Nous appelons les pays avancés à prendre garde à ces répercussions négatives et à expliciter clairement leurs stratégies de sortie. Nous demandons aux pays avancés qui disposent d’une marge de manœuvre d’agir de manière plus concertée pour accroître leur contribution à la demande mondiale. Nous pensons que le FMI doit faire davantage pour aider les pays à parer aux risques extrêmes mondiaux et limiter leurs pertes de production.
4. Compte tenu du regain de turbulences financières, il importe que les pays émergents affectés par l’instabilité financière mondiale aient la latitude d’adopter des politiques permettant de préserver leur résilience. Les pays à faible revenu devront maintenir des rythmes de croissance élevés dans un contexte mondial tendu. À cet égard, nous nous félicitons du recentrage des efforts du FMI sur la croissance dans les programmes qui bénéficient de son appui, en particulier dans les petits pays, et de la proposition visant à y adjoindre une stratégie de croissance détaillée. Nous avons conscience qu’il est important de promouvoir la croissance de la productivité et d’accélérer la transformation structurelle dans les pays émergents comme dans les pays à faible revenu. Nous sommes décidés à promouvoir le dialogue entre les pairs et l’apprentissage, à l’appui d’une croissance solidaire et créatrice d’emplois.
5. Nous sommes profondément préoccupés par le fait que les taux de chômage et les niveaux de pauvreté restent élevés dans un certain nombre de pays émergents et en développement. Pour veiller à ce que les pays émergents et en développement puissent faire reculer la pauvreté tout en encourageant l’inclusion sociale et la croissance à long terme, nous nous engageons à prendre un vaste ensemble de mesures propres à promouvoir la création d’emplois plus nombreux et de meilleure qualité en investissant dans la formation et l’éducation pour encourager la portabilité des emplois, faciliter la mobilité de la main-d’œuvre et améliorer l’employabilité.
Rôle et réforme du FMI
6. Nous regrettons profondément que la date butoir d’octobre 2012 retenue pour l’entrée en vigueur de la réforme des quotes-parts et de la gouvernance décidée en 2010 n’ait pas été respectée et qu’il n’y ait pas eu d’accord sur une nouvelle formule de calcul des quotes-parts à l’issue du réexamen de janvier 2013. Ces deux dossiers sont cruciaux pour la légitimité, la crédibilité et l’efficacité du FMI. Nous invitons instamment les pays à tenir leurs engagements de mettre en œuvre sans tarder la réforme de la gouvernance de 2010. Nous soulignons la nécessité de mener promptement à bien la quinzième révision générale des quotes-parts, sur la base d’une formule de calcul révisée. Il importe que le FMI dispose d’un montant suffisant de ressources pour jouer durablement son rôle systémique.
7. Nous sommes fermement convaincus que l’objectif fondamental de la réforme des quotes-parts et de la gouvernance doit être de renforcer la participation et la représentation des pays émergents et en développement, y compris les pays pauvres, vulnérables, fragiles, à revenu faible ou intermédiaire. Le réalignement des quotes-parts doit prendre en compte le poids croissant des pays émergents et en développement dynamiques dans l’économie mondiale, mais cela ne doit pas se faire aux dépens des autres pays émergents et en développement. C’est au moyen de la formule de calcul des quotes-parts qu’il convient d’accroître les quotes-parts relatives des pays les plus pauvres et de préserver leur représentation. Nous réitérons la demande que nous formulons depuis longtemps d’un troisième siège au Conseil d’administration pour l’Afrique subsaharienne afin d’améliorer sa représentation, pour autant que cela ne se fasse pas aux dépens des autres pays émergents ou en développement. Le dialogue doit être poursuivi dans la perspective de cet objectif et toutes les options disponibles doivent être étudiées.
8. Nous saluons les efforts des pays qui ont contribué au renforcement des ressources du Fonds fiduciaire pour la réduction de la pauvreté et la croissance (Fonds RPC), y compris par l’affectation des bénéfices des ventes d’or, et nous réaffirmons notre volonté de veiller à la viabilité à long terme du Fonds RPC. Nous appelons le FMI à faire un effort concerté pour réunir un surcroît de ressources aux fins du financement du Fonds RPC, en particulier sous forme de contributions bilatérales.
9. Nous prenons bonne note des révisions apportées au cadre de viabilité de la dette établi conjointement par le FMI et la Banque mondiale et sommes favorables à sa mise en œuvre, y compris dans les pays à faible revenu. Nous appelons le FMI et la Banque mondiale à continuer de fournir leur assistance technique aux pays membres qui en font la demande pour améliorer leur capacité de gestion de la dette. Nous appuyons la proposition visant à assouplir la politique du FMI en matière de plafonnement de la dette et nous invitons instamment le FMI à mener dès que possible à son terme le réexamen en cours afin de permettre aux pays à faible revenu d’obtenir le financement requis pour leurs programmes d’investissements tout en préservant la viabilité de leur dette. Nous notons avec satisfaction que le FMI et le groupe de la Banque mondiale travaillent à la révision et à l’actualisation des Directives pour la gestion de la dette publique et nous suivons avec intérêt l’avancement de ces travaux. Nous attendons avec intérêt l’avancement des travaux du FMI et des propositions concrètes en vue de remédier aux problèmes et lacunes relevés lors de l’examen de l’expérience récente des restructurations de dettes souveraines.
10. Nous saluons l’attention portée par le FMI à l’équité fiscale et à la fiscalité internationale, étant donné que les pays émergents et en développement ont besoin de préserver leur assiette fiscale, de promouvoir l’égalité et la création d’emplois et de remédier aux effets négatifs de la fraude et de l’évasion fiscales, y compris au moyen des prix de transferts et des paradis fiscaux. Nous souhaitons que le FMI déploie son assistance technique à l’appui du développement des capacités des pays émergents et en développement.
Programme pour le développement et rôle de la Banque mondiale
11. Nous soulignons qu’il est crucial de poursuivre les efforts en vue d’atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), car les échéances approchent, et nous saluons le Rapport du groupe de personnalités éminentes sur le programme de développement pour l’après-2015 et le rapport du Secrétaire général, « Une vie de dignité pour tous ». Nous prenons note de l’accent mis, entre autres, sur l’éradication de l’extrême pauvreté, le développement durable, la transformation des économies pour promouvoir l’emploi et une croissance solidaire et la mise en place d’institutions efficaces, ouvertes et responsables pour assurer le développement. Nous appelons le Groupe de la Banque mondiale à intensifier ses efforts en vue de la réalisation des OMD et à contribuer au programme de développement pour l’après-2015, conformément à sa mission et en usant de ses atouts comparatifs.
12. Nous pensons qu’il importe de se centrer sur l’impératif d’une croissance créatrice d’emplois pour jeter les bases d’une réduction durable de la pauvreté. À cette fin, nous appuyons la stratégie d’ensemble et les objectifs du Groupe de la Banque mondiale en vue de contribuer à mettre fin à l’extrême pauvreté et à promouvoir de façon durable une prospérité partagée. Nous saluons l’accent mis sur les besoins des clients, en leur proposant des solutions de développement sur mesure, appuyées par des concours financiers, un savoir-faire et des services de secrétariat. Nous attendons avec intérêt un plan de réalisation détaillé prenant en compte les points de vue et la diversité des clients, la viabilité financière et la nécessité de développer les ressources humaines et les capacités d’encadrement de la Banque mondiale.
Financement du développement
13. Nous soulignons qu’il est crucial de disposer durablement d’un financement suffisant pour répondre aux aspirations de développement mondiales et sommes favorables à l’expansion de la capacité de prêt du Groupe de la Banque mondiale. Nous soulignons qu’il est particulièrement important de mobiliser d’amples ressources de financement pour les investissements dans les infrastructures en réponse à la demande des pays en développement. Nous encourageons la création, à l’initiative du Groupe de la Banque mondiale, d’un mécanisme unique de préparation des projets pour les grands projets en Afrique et nous l’appelons à mobiliser davantage de ressources privées à l’appui d’investissements dans les infrastructures propres à faciliter la transformation économique. Nous attendons avec intérêt l’avancement de la réflexion sur de nouveaux mécanismes de financement à long terme des infrastructures, y compris l’initiative proposée par le Groupe de la Banque mondiale et la nouvelle Banque de développement que les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) comptent établir.
14. Nous jugeons encourageante la création par l’Agence multilatérale de garantie des investissements (AMGI) de la Facilité pour les pays sortant d’un conflit et les États fragiles et appuyons l’objectif de cette facilité qui vise à assurer les projets d’investissement dans ces pays afin de mobiliser des ressources privées et d’encourager la création d’emplois de qualité.
15. Nous appelons de nos vœux la reconstitution prompte et vigoureuse des ressources de l’AID, compte tenu des énormes besoins des pays les plus pauvres et vulnérables, y compris les populations des pays fragiles et des pays en situation de conflit. Nous saluons l’accent mis sur le facteur de transformation économique et la mobilisation de ressources externes en complément de celles de l’AID, y compris grâce à l’additionnalité des prêts, tout en améliorant ses résultats, son rapport coût-efficacité et son efficience.
16. Nous prenons note des effets défavorables du changement climatique et de la dégradation de l’environnement, en particulier sur les pays pauvres, fragiles et vulnérables et nous sommes conscients de la nécessité de faire face à ces enjeux planétaires. À cet égard, nous sommes favorables à de nouvelles réformes et améliorations du Fonds pour l’environnement mondial (FEM) en vue d’en rehausser l’efficacité et appelons de nos vœux une sixième reconstitution ambitieuse afin qu’il dispose de ressources adéquates pour remplir sa mission.
17. Nous appelons la neuvième Conférence ministérielle de l’OMC qui se tiendra à Bali à donner un nouvel élan au programme de Doha pour le développement et à trouver des solutions équilibrées, y compris sur le dossier des produits agricoles qui est ouvert depuis bien longtemps. Nous lançons également un appel en faveur de progrès concrets dans les négociations visant à renforcer la mobilité de la main-d’œuvre.
Autres questions
18. Nous encourageons le FMI et la Banque mondiale à faire preuve de souplesse dans la conception et la conditionnalité de leurs programmes dans les pays arabes en transition, compte tenu des contraintes politiques et sociales auxquelles sont soumis leurs gouvernants, et nous les appelons à fournir des ressources supplémentaires aux pays voisins de la Syrie qui voient affluer les réfugiés. Il importe que tous les pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord puissent tous bénéficier également des produits financiers et des services de conseil de ces deux organisations internationales, indépendamment de toutes considérations politiques.
19. Nous rappelons l’importance que revêt la diversité du personnel à tous les niveaux pour renforcer la légitimité et l’efficacité des institutions financières internationales et nous demandons que des efforts continuent d’être déployés pour développer les initiatives en ce sens afin d’accroître au sein du personnel la proportion de ressortissants des régions sous-représentées.
20. Nous remercions le Mexique d’avoir assuré la présidence du Groupe et accueillons l’Égypte, qui lui succède. Nous souhaitons en outre la bienvenue à la Colombie à la deuxième Vice-Présidence. La prochaine réunion des ministres du G-24 devrait avoir lieu le 10 avril 2014 à Washington.
LISTE DES PARTICIPANTS1
Les ministres du Groupe intergouvernemental des Vingt-Quatre pour les questions monétaires internationales et le développement ont tenu leur quatre-vingt-dixième réunion à Washington le 10 octobre 2013, sous la présidence de M. Fernando Aportela, Ministre adjoint des finances et du crédit public du Mexique, assisté de M. Karim Wissa (Egypte), Premier Vice-Président, et de M. Mohamed Safadi, Ministre des finances du Liban et Second Vice-Président.
La réunion des ministres a été précédée le 9 octobre 2013 par la cent-deuxième réunion des suppléants du Groupe des Vingt-Quatre, sous la présidence de M. Bosco Marti, Chef des affaires internationales au Ministère des finances et du crédit public du Mexique, et de M. Alfonso Guerra, Directeur des affaires internationales à la Banque du Mexique.
Groupe africain : Karim Djoudi, Algérie; Nialé Kaba, Côte d’Ivoire; Mutombo Mwana Nyembo, République démocratique du Congo; Shakour Shaalan, Égypte; Sufian Ahmed, Éthiopie; Luc Oyoubi, Gabon; Henri A.K. Wampah, Ghana; Ngozi Okonjo-Iweala, Nigéria; Pravin Gordhan, Afrique du Sud.
Groupe asiatique : Arvind Mayaram, Inde; Ali Taiebnia, République islamique d'Iran; Alain Bifani, Liban; Yaseen Anwar, Pakistan; Rosalia De Leon, Philippines; Sarath Amunugama, Sri Lanka; Maya Choueiri, République arabe syrienne.
Groupe latino-américain : Hernán Lorenzino, Argentine; Carlos Cozendey, Brésil; Luis Fernando Mejía, Colombie; Johnny Gramajo, Guatemala; Bosco Marti, Mexique; Manuel Ramos-Francia, Mexique; Julio Velarde, Pérou; Jwala Rambarran, Trinité-et-Tobago; José Rojas-Ramirez, Venezuela.
Observateurs : Jassim Almannai, Fonds monétaire arabe; Guanjyao Zhu, Chine; Inés Bústillo, Commission économique pour l'Amérique latine et les Caraïbes; Ramon Espinel, Équateur; Sergei Storchak, G20; Danny Leipziger, Dialogue croissance; José M. Salazar, OIT; Birama Sidibé, Banque islamique de développement; Mohamed Taamouti, Maroc; Manuel Montes, Centre Sud ; Mahmed Khene, OFID; Hojatollah Ghanimi Fard, OPEP; Yousef Al Bassam, Arabie Saoudite ; Sultan Alsuwaidi, Émirats arabes unis ; Yuefen Li, CNUCED ; Shamshad Akhtar, UNDESA.
Invités : Christine Lagarde, Directrice générale, Fonds monétaire international
Jim Yong Kim, Président, Banque mondiale
Secrétariat du Groupe des Vingt-Quatre : Amar Bhattacharya, Analisa Bala, Susanne Quadros, Rachael Holt, Regina Chengcheng Feng, Ndzouli Mendouga
Secrétariat du FMI pour le G-24 : Rosalind Mowatt, Iulia Teodoru, Veronika Zavacka, Dalila Bendourou
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