Communiqué de Presse: Les Perspectives économiques régionales du FMI consacrées à l'Afrique subsaharienne soulignent les bonnes perspectives de croissance de la région, mais aussi les risques et les défis à moyen terme

le 13 avril 2007

Communiqué de presse no 07/70
le 13 avril 2007

La croissance du PIB de l'Afrique subsaharienne, tirée principalement par la hausse de la production pétrolière dans plusieurs pays, devrait atteindre environ 6,5 % en 2007. Dans les pays importateurs de pétrole, la croissance devrait rester stable aux environs de 5 %. Au plan régional, on s'attend que l'inflation reste inchangée aux alentours de 7 %, les trois quarts des pays subsahariens devant enregistrer une inflation inférieure à 10 %. Ce sont là les principales conclusions de l'édition d'avril 2007 des Perspectives économiques régionales du FMI consacrées à l'Afrique subsaharienne.

Pour la troisième année consécutive, la croissance économique est restée soutenue en Afrique subsaharienne : elle s'est établie à 5,4 % en 2006, niveau légèrement inférieur aux 6 % de 2005. En raison des contraintes auxquelles se heurte l'accroissement de la production pétrolière, la croissance des pays exportateurs de pétrole est descendue de 7,9 % en 2005 à 5,6 % en 2006. La croissance des pays importateurs de pétrole, quant à elle, est restée quasiment inchangée (5,3 %) par rapport à 2005 : près de la moitié de ces pays ont bénéficié d'une croissance d'au moins 5 % grâce à la vigueur de la demande d'exportations de produits de base autres que les combustibles, une campagne agricole fructueuse et la progression des investissements.

L'accélération de la croissance de l'Afrique subsaharienne s'explique à la fois par des facteurs extérieurs positifs — tels que le dynamisme de la demande étrangère et le renchérissement des produits de base — et par la forte progression de la productivité et de l'investissement intérieurs. Le dynamisme de la croissance tient aussi, dans une large mesure, à la mise en œuvre de politiques avisées dans la plupart des pays. Pour autant, il reste beaucoup à faire pour réaliser les objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). S'il est vrai que l'accroissement de l'aide est nécessaire à la réalisation de ces objectifs, la montée en puissance de l'aide promise au Sommet de Gleneagles ne s'est pas encore matérialisée.

On note une évolution positive dans d'autres domaines. Tout d'abord, les pays subsahariens producteurs de pétrole ont bénéficié de profits exceptionnels ces dernières années et, contrairement à ce qui s'était passé lors de précédentes envolées des prix des produits de base, ils ont épargné une partie substantielle de leur surcroît de revenus. Pour les responsables de la politique économique, le défi consiste maintenant à dégager l'espace nécessaire à un accroissement efficace des dépenses publiques.

Ensuite, le récent boum des produits de base et le dynamisme des économies asiatiques ont amélioré les perspectives d'exportation de l'Afrique subsaharienne, qui a ainsi l'occasion d'inverser le long déclin de sa part du commerce mondial. Les échanges commerciaux avec l'Asie, notamment avec la Chine, se sont développés de façon spectaculaire, même si la part des États-Unis et des pays de l'Union européenne dans les exportations subsahariennes reste deux fois et demie plus grande que celle de l'Asie.

Enfin, l'amélioration récente de la situation macroéconomique et les allégements de dette ont modifié les perspectives à moyen terme de nombreux pays en matière d'endettement. En conséquence, l'activité des marchés de la dette intérieure s'est intensifiée et les investisseurs de portefeuille étrangers ont manifesté beaucoup d'intérêt pour un certain nombre de pays.

Risques et défis majeurs pour l'avenir

Les risques à court terme demeurent importants, même si les perspectives sont positives. Ainsi, une baisse prononcée et inattendue de la demande mondiale affecterait-elle la croissance de la région. La croissance et l'inflation pourraient se ressentir aussi de la poursuite de la hausse des cours pétroliers et d'une baisse plus importante que prévu des prix des produits de base autres que les combustibles. Nombre de pays de la région restent vulnérables face à la sécheresse et diverses autres catastrophes naturelles, tandis que d'autres pays souffrent de taux d'incidence du VIH élevés. De surcroît, plusieurs pays de la région sont toujours confrontés à des risques en matière de sécurité et au plan politique.

Ayant passé en revue certains défis mentionnés ci-dessus, les Perspectives régionales proposent des mesures stratégiques. Étant donné le niveau historiquement élevé des prix et le caractère limité des ressources, les producteurs de pétrole doivent maintenant maîtriser la complexité de la gestion de leurs ressources, afin de relever le niveau de vie et progresser de façon décisive dans la réalisation des OMD. Selon les Perspectives régionales (chapitre III), compte tenu de l'accroissement des ressources et des pressions exercées en faveur d'une augmentation des dépenses, il est particulièrement important d'améliorer la gestion des affaires publiques, notamment en ce qui concerne les systèmes de gestion des finances publiques (GFP), afin d'utiliser les ressources de façon efficace et transparente dans un cadre à long terme compatible avec la viabilité des finances publiques. Géré de façon inadéquate, l'accroissement des dépenses risquerait d'exercer de fortes pressions à la hausse sur les prix et les taux de change réels. Il est possible d'atténuer ce risque en mettant en œuvre des politiques visant à améliorer la capacité d'absorption des pays, telles que la libéralisation des échanges commerciaux, la réduction du coût des activités économiques et l'assouplissement du marché du travail.

S'il est vrai que la destination des exportations s'est diversifiée, celles-ci restent concentrées dans le pétrole et d'autres produits de base, tandis que les ventes de produits manufacturés se limitent encore à un faible nombre de pays et de catégories de produits. Selon les Perspectives régionales (chapitre IV), la plupart des pays ne sont parvenus ni à accroître fortement leurs exportations de produits manufacturés à forte intensité de main-d'Ŋuvre, ni à escalader la chaîne de valeur de leurs exportations à base de produits primaires. Cette situation s'explique en grande partie par le manque d'infrastructures et le coût de l'activité économique. Selon l'expérience d'autres régions du monde, les échanges commerciaux peuvent être un important facteur de croissance. Pour réaliser son potentiel, l'Afrique subsaharienne doit donc réduire les obstacles structurels à la croissance et au commerce dans les secteurs d'activité à valeur ajoutée liés à l'agriculture et aux produits de base.

Enfin, les Perspectives régionales examinent l'évolution des marchés obligataires en monnaie nationale (chapitre V). En général, le développement de ces marchés peut grandement contribuer à accroître l'efficacité et la transparence des financements budgétaires tout en facilitant l'émergence d'une courbe des rendements — condition préalable à tout marché d'obligations de sociétés. Le développement du secteur financier serait stimulé par ce dernier facteur, ce qui aiderait le secteur privé africain à surmonter ses contraintes de crédit. L'infrastructure de marché, la gestion de la dette et la viabilité des déficits budgétaires sont des facteurs essentiels à la pleine réalisation des avantages des marchés obligataires. Il conviendrait peut-être de revoir la réglementation relative aux comptes d'opérations en capital (pour rendre les taux d'intérêt compétitifs) tout en gardant à l'esprit le risque d'éventuels «retournements soudains».

DÉPARTEMENT DE LA COMMUNICATION DU FMI

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