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Graphique de la semaine

Une Éducation de qualité pour une population en expansion est nécessaire à la croissance en Afrique subsaharienne

En dépit des contraintes qui pèsent sur les budgets publics, les pays doivent accorder la priorité aux investissements dans l’éducation, avec l’aide de la communauté internationale

La transition démographique pourrait être la plus grande occasion à saisir par les pays d’Afrique subsaharienne, mais ces derniers ne pourront en récolter les fruits que s’ils investissent suffisamment dans l’éducation.

La population de la région devrait être multipliée par deux et s’établir à deux milliards d’habitants d’ici 2050. Comme le montre notre graphique de la semaine, cette expansion sera essentiellement le fait de la population en âge de travailler, c’est-à-dire des 15–64 ans, dont la croissance sera plus rapide que celle de toutes les autres tranches d’âge.

 

L’Afrique subsaharienne a réalisé des progrès considérables dans la généralisation de la scolarisation au cours des dernières décennies, mais les pays de la région accusent toujours un retard par rapport à d’autres pays émergents et pays en développement, comme nous le montrons dans la dernière édition de nos Perspectives économiques régionales.

Près de 3 enfants sur 10 en âge d’aller à l’école ne sont pas scolarisés. Dans le primaire, le taux de scolarisation est d’environ 65 %, contre une moyenne mondiale de 87 %. Le taux d’alphabétisation des 15–24 ans n’est que de 75 %, contre presque 90 % dans le reste des pays émergents et pays en développement. De surcroît, les fermetures d’établissements scolaires en raison de la pandémie ont entraîné des pertes d’apprentissage, effaçant dans certains cas des années de progrès éducatif.

L’une des raisons de ces retards est que dans plusieurs pays d’Afrique subsaharienne, les dépenses publiques d’éducation sont inférieures aux niveaux de référence internationaux. Le budget éducatif médian correspondait à peu près à 3,5 % du PIB en 2020, alors qu’il devrait être d’au moins 4 % du PIB d’après les recommandations internationales. Cependant, de récentes analyses du FMI montrent que pour atteindre d’ici 2030 l’objectif de développement durable de scolarisation primaire et secondaire universelle, il pourrait être nécessaire de doubler la part dans le PIB des dépenses d’éducation, financées sur fonds publics et privés.

S’il importe d’accroître les dépenses pour améliorer l’accès à l’éducation, il est tout aussi important de veiller à ce que les fonds soient dépensés à bon escient. En effet, dans le pays médian d’Afrique subsaharienne, seuls 15 % des élèves du primaire et du secondaire acquièrent des connaissances au-delà du minimum requis, tandis que les taux de formation des enseignants sont en chute constante depuis deux décennies.

Les gains économiques à long terme surpassent le coût initial des investissements dans l’éducation. L’augmentation des dépenses publiques d’éducation offre des avantages économiques tels qu’une hausse de la productivité et des investissements directs étrangers, comme nous l’avons montré dans la dernière édition du Moniteur des finances publiques. Les États d’Afrique subsaharienne doivent préserver leurs budgets éducatifs, malgré un contexte de durcissement des contraintes budgétaires et de pénurie de financement, et mettre en œuvre de bonnes pratiques en matière de gestion des finances publiques afin d’accroître les recettes intérieures et de veiller à ce que les fonds soient utilisés à bon escient.

Pour leur part, les donateurs et les organisations internationales doivent maintenir ou accroître leurs aides financières aux pays de la région en faveur de l’éducation. Ce soutien sera propice à la constitution d’une main-d’œuvre productive, dont le besoin se fera de plus en plus ressentir en raison du vieillissement de la population mondiale, et contribuera à faire de la région l’une des sources les plus dynamiques pour la demande mondiale de consommation et d’investissement.

Plus généralement, il est indispensable de mieux mettre en relation les abondantes ressources humaines de la région avec les considérables ressources financières des pays avancés et des principaux pays émergents. À condition de mettre en œuvre les bonnes politiques publiques, en particulier dans le domaine éducatif, l’Afrique subsaharienne pourrait attirer des investissements, des technologies et des compétences sur le long terme. Et, vu l’évolution rapide des technologies et le paysage actuel de l’emploi, cela permettrait de libérer tout le potentiel des jeunes de la région, qui seraient ainsi mieux équipés pour l’avenir.

 

— Le présent article s’inspire de l’édition d’avril 2024 des Perspectives économiques régionales pour l’Afrique subsaharienne. Pour en apprendre davantage sur la transformation démographique de la région, consultez l’article intitulé Siècle africain, qui figure dans l’édition de septembre 2023 du magazine Finances & Développement.