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Déclaration de M. Didier Reynders,
Ministre des finances de la Belgique

S'exprimant au nom de l'Autriche, du Bélarus, de la Belgique,
de la Hongrie, du Kazakhstan, du Luxembourg,
de la République slovaque, de la République tchèque, de la Slovénie et de la Turquie

Séance conjointe du Comité monétaire et financier international
et du Comité du développement

Combattre la pauvreté et renforcer la croissance

Washington, le 29 avril 2001

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Au vu des travaux du FMI et de la Banque mondiale depuis l'Assemblée de Prague et des résultats contrastés obtenus jusqu'à présent, je conclus que notre stratégie pour lutter contre la pauvreté et renforcer la croissance dans les pays les plus pauvres doit comprendre les cinq éléments suivants.

Premièrement, usons de toute notre influence pour faire cesser les conflits armés. Il est bien sûr banal de dire que la paix est un élément essentiel pour la croissance et la réduction de la pauvreté. Il faut cependant le réaffirmer, au vu des nombreux conflits qui dévastent l'appareil de production et déchirent le tissu social de trop de pays d'Afrique subsaharienne. Tant que la paix n'est pas rétablie, l'assistance humanitaire est essentielle pour atténuer les souffrances des populations. Mais tant que la guerre fait rage, l'aide est impuissante à faire revivre la croissance économique et à faire reculer la misère. Pis encore, elle risque d'être détournée pour intensifier et prolonger les conflits. L'Afrique centrale regorge de ressources à mettre au service de la communauté internationale, notamment une exceptionnelle richesse en ressources minérales. En les échangeant contre des armes, elle mine sa propre prospérité pour l'avenir. Il faut que cela cesse. Nous devons tous œuvrer, en particulier à mettre rapidement fin à la guerre en République démocratique du Congo.

Deuxièmement, une fois la paix rétablie, il est essentiel que le FMI et la Banque mondiale contribuent, dès le début, à l'assistance de la communauté internationale aux pays sortant d'un conflit. L'aide fournie le plutôt possible par le FMI pour établir un cadre macroéconomique et par la Banque pour rebâtir les infrastructures physiques et sociales est indispensable pour mobiliser le soutien des donateurs. J'appuie la demande du Directeur général qui sollicite des bailleurs de fonds entre 10 et 20 millions de DTS pour bonifier les taux d'intérêt des prêts du FMI au titre de l'aide d'urgence post-conflit. La Belgique étudie sa contribution. Pour ce qui est du rôle de la Banque mondiale dans ce domaine, je suis favorable à une augmentation des contributions au Fonds post-conflit pour financer l'assistance technique et la reconstitution des capacités. S'agissant de l'application du dispositif d'aide aux PPTE aux pays sortant d'un conflit, il faudra trouver le juste équilibre entre la nécessité de débloquer l'aide PPTE aussitôt que possible et l'impératif de bons antécédents en matière de politique économique, qui s'impose à tous les pays admissibles.

Troisièmement, les pays pauvres doivent mener des politiques économiques, financières et sociales saines. L'aide et l'allègement de la dette ne peuvent servir à stimuler la croissance et à réduire la pauvreté si la politique macroéconomique et financière manque de rigueur, si la politique sociale est malavisée, la corruption rampante, la politique commerciale frileuse et les distorsions structurelles omniprésentes. La mise en place de stratégies de réduction de la pauvreté conçues, conduites et surveillées par les autorités en étroite collaboration avec toutes les parties prenantes constitue un changement de régime majeur qui devrait donner de l'essor à la croissance et à la réduction de la pauvreté. Mais il faut prendre le plus grand soin de ne pas se précipiter pour rédiger des Documents de stratégie pour la réduction de la pauvreté (DSRP) simplement dans le souci de fournir un allègement de dette à un nombre donné de pays annoncé à l'avance. Ce faisant, nous les empêcherions de prendre convenablement en charge et de conduire efficacement les programmes appuyés par la communauté internationale. L'amélioration des systèmes de gestion des dépenses publiques doit être un élément essentiel de tous les DSRP : il faut améliorer ces systèmes pour que les ressources publiques, y compris celles qui doivent servir à combattre la pauvreté, soient utilisées de manière productive et améliorent les conditions de vie. Je pense qu'à terme l'augmentation progressive des prêts programmes de la Banque mondiale permettra de renforcer durablement les systèmes de gestion des dépenses des pays les plus pauvres en les aidant à s'en rendre totalement maîtres.

Quatrièmement, il faut que les pays les plus pauvres accroissent leur part du commerce mondial. Le libre-échange, conjugué à de saines politiques intérieures, peut démultiplier la croissance et la réduction de la pauvreté. Pour peu qu'ils mettent fin aux conflits et réorientent radicalement leurs économies dans le sens de la croissance et de la lutte contre la pauvreté, les pays pauvres se tailleront une plus grande part dans les échanges commerciaux internationaux et partageront les bienfaits de la mondialisation. Les pays avancés et à revenu intermédiaire doivent jouer leur rôle en ouvrant leurs marchés aux exportations des pays les plus pauvres, ainsi que vient de le faire l'Union européenne avec son initiative «Tout sauf les armes». Mais les pays les plus pauvres doivent également agir. Il leur faut libéraliser leurs régimes commerciaux encore restrictifs, harmoniser les accords commerciaux des sous-régions d'Afrique et réduire les coûts de transaction élevés que leur impose le sous-développement ou la destruction des infrastructures de transports et de télécommunications et des circuits financiers.

Enfin, les pays les plus pauvres auront besoin d'une aide publique au développement (APD) plus abondante pour pouvoir maintenir leur endettement extérieur à un niveau tolérable au-delà de l'allègement dans le cadre de l'initiative PPTE, et pour pouvoir, à l'horizon 2015, atteindre les Objectifs de développement internationaux bien définis et largement partagés. Le but essentiel du sommet des Nations Unies sur le thème «Financer le développement» qui se tiendra l'an prochain sera précisément de trouver les ressources pour aider les pays les plus pauvres à atteindre ces objectifs. J'appelle le FMI et la Banque mondiale à prendre une part active à la préparation de ce sommet, en établissant une estimation du montant d'appui financier extérieur requis pour atteindre les Objectifs de développement internationaux. La compétence technique et l' influence des institutions de Bretton Woods sont cruciale pour la réussite de cette initiative.

L'accroissement de l'APD présente des difficultés majeures pour de nombreux pays industrialisés, en raison des résultats contrastés qu'a produits l'aide par le passé. La lassitude des donateurs est une réalité que l'on ne peut nier. On ne peut justifier l'accroissement de l'APD que par la foi en un avenir meilleur dans lequel les pays les plus pauvres vivront en paix et mèneront des politiques vigoureuses et efficaces favorisant la croissance et le recul de la pauvreté. Les institutions de Bretton Woods et la communauté des bailleurs de fonds doivent faire tout ce qui est en leur pouvoir pour transformer cette vision en réalité. Des signaux forts de la part des autorités des pays pauvres montrant qu'ils aident leurs populations sont indispensables pour convaincre les parlements des pays industrialisés de leur accorder davantage d'aide.

J'attends avec intérêt notre prochaine réunion, à laquelle j'espère recevoir de nouvelles confirmations que nous avons tous progressé dans l'accomplissement des tâches qui nous reviennent dans cette stratégie commune pour renforcer la croissance et combattre la pauvreté dans les pays les plus démunis.