Dialogue FMI-Jeunes Compte-rendu de la table ronde organisée à l’Université du Caire

Le 7 mars 2010

Le FMI à l’Université du CaireUn débat animé a eu lieu entre un groupe d’une vingtaine d’étudiants et des représentants des services du FMI. De l’avis des étudiants, les impératifs premiers en Égypte sont la lutte contre le chômage et la pauvreté et l’amélioration du système éducatif. Ils se sont largement accordés sur les moyens d’arriver à ces fins, mais ont exprimé des avis divergents quant au rôle que le FMI devrait jouer en Égypte. Le débat a aussi porté sur les leçons à tirer de la crise financière mondiale.

Les étudiants de l’Université du Caire étaient unanimes à penser que le chômage — des jeunes en particulier — et un problème majeur en Égypte, qu’il faut attaquer sur plusieurs fronts. Ils ont noté que la stabilité économique et une inflation faible sont d’importantes conditions préalables d’une croissance économique porteuse de la création d’emplois dont l’Égypte a besoin. Ils ont appelé de leurs vœux un partenariat entre les secteurs public et privé pour promouvoir un développement économique équilibré.

Le FMI à l’Université du Caire Plus précisément, les étudiants ont souligné qu’il est important d’encourager les investissements intérieurs — ainsi que les investissements directs étrangers — pour favoriser la création d’emplois. L’investissement est actuellement entravé par un excès de formalités administratives et de réglementation, en plus de la corruption. Il faut plus de transparence et une meilleure gouvernance pour améliorer le climat des affaires.

Les étudiants ont aussi observé que beaucoup d’entreprises, surtout les petites, ont du mal à se procurer du crédit. Ils ont plaidé en faveur de l’abaissement des taux d’intérêt, de la simplification de la réglementation du crédit et de la création de dispositifs facilitant l’accès des jeunes entrepreneurs à l’emprunt. Beaucoup d’étudiants ont souligné qu’il faudrait exploiter les avantages comparatifs dont l’Égypte dispose : une abondance de ressources naturelles, un vaste territoire, une population nombreuse, toutes caractéristiques positives dont il reste encore à tirer le meilleur parti. Elle a en particulier un avantage significatif sur le plan de l’agriculture, secteur qui devrait être soutenu plus activement par l’État et pourrait contribuer plus largement PIB national.

Plusieurs étudiants ont évoqué le problème de la pauvreté endémique. Ils ont recommandé un meilleur ciblage des subventions et davantage d’efforts d’autonomisation des hommes et des femmes pour combattre ce phénomène. Ils ont aussi noté que tout progrès dans la lutte contre le chômage aurait pour corollaire un recul de la pauvreté.

Certains étudiants ont souligné qu’il ne suffit pas de privilégier les facteurs à long terme, et qu’il importe d’agir rapidement pour relancer l’économie et créer des emplois. Les mesures à court terme doivent comprendre la libéralisation des marchés et l’abaissement des obstacles au commerce international des biens et services. D’autres ont cependant rétorqué que ces mesures à court terme doivent être accompagnées d’autres réformes : la libéralisation commerciale, en particulier, doit aller de pair avec une amélioration de la qualité des produits égyptiens pour qu’ils puissent faire face à la concurrence.

Les étudiants étaient presque unanimes à penser que les réformes de l’enseignement sont indispensables pour que les qualifications répondent mieux aux besoins — c’est-à-dire pour faire mieux correspondre l’offre de talents à la demande du marché du travail. Ils ont appelé à la modification des cursus, (les trouvant trop théoriques) et à la mise en place de programmes de formation et de stages pratiques, éventuellement avec l’aide du secteur privé. Ils ont souligné l’importance de l’orientation scolaire, pour guider les élèves du secondaire dans le choix d’une carrière. L’enseignement devrait être accessible à tous, au moyen de subventions si nécessaire.

Les experts du FMI À la question du rôle qui doit être celui du FMI dans leur pays, les étudiants ont répondu en suggérant qu’il s’attache à aider l’Égypte à gérer ses ressources économiques et à remédier à l’inégalité des revenus et à la dépendance à l’égard de l’aide. Le FMI a aussi une fonction de conseiller, pour l’élaboration des réformes structurelles propres à renforcer l’économie égyptienne, notamment dans le secteur financier et bancaire. Les étudiants étaient cependant divisés sur ce point : alors que certain voyaient son rôle comme purement consultatif, d’autre souhaitaient qu’il soit plus énergique, afin que ses conseils soient suivis d’effets.

Leçons de la crise financière

Les crises sont inévitables, de l’avis des étudiants. Il n’existe pas de système qui en soit parfaitement protégé. Il importe donc d’étudier le passé et de tirer de l’histoire les enseignements voulus pour se préparer au mieux à la prochaine crise. Il faut aussi plus d’informations sur les diverses particularités des économies d’aujourd’hui. Nous devons mieux comprendre le fonctionnement des marchés, puisque la complexité des instruments financiers a été à l’origine de la crise. Il est important aussi que les emprunteurs comprennent mieux les contrats qu’ils signent.

Les étudiants se sont généralement accordés sur l’idée que la réglementation est un impératif. Tandis que certains plaidaient pour plus de règles, d’autres soulignaient qu’il fallait plutôt de meilleures règles. L’État ne doit pas devenir envahissant et enfreindre le droit des particuliers d’exercer librement leurs activités économiques. Il importe plutôt de clarifier les règles et de faire en sorte qu’elles s’attaquent aux causes des problèmes que la crise mondiale a mis en évidence. Les étudiants ont en particulier demandé des règles visant à garantir que les emprunteurs soient capables de rembourser leurs dettes et à restreindre les émissions d’hypothèques par les banques. Il faut que la réglementation soit contracyclique pour que les banques soient encouragées à prêter plus lorsque la conjoncture baisse, mais à restreindre le crédit en phase d’expansion.

Certains étudiants ont suggéré qu’il fallait réduire les interconnections entre les marchés financiers du monde entier pour empêcher à l’avenir les crises de se propager d’un pays à l’autre. D’autres ont toutefois fait observer que cela produirait le contraire du résultat recherché : la restriction des mouvements de capitaux asphyxierait la croissance économique, ce qui serait trop cher payer pour une soi-disant « sécurité » financière.

Les étudiants ont appelé le FMI à dissiper les mythes de style « théorie du complot » et améliore son image de marque. Ils ont salué l’initiative Dialogue FMI-Jeunes, y voyant un premier pas utile pour « informer » l’opinion publique sur le FMI. Ils ont encouragé le gouvernement égyptien à prendre des initiatives semblables, à fournir des tribunes aux jeunes pour leur permettre d’exprimer leurs idées, et à encourager leur participation à la politique générale.

Notant que de nos jours les crises sont beaucoup plus amples et dévastatrices qu’autrefois, plusieurs étudiants ont appelé les organisations internationales à jouer un rôle de premier plan dans les politiques économiques nationales en y ayant voix au chapitre. Ils ont préconisé que le FMI, au vu de son expérience et de ses capacités financières pour aider les pays en crise, acquière davantage d’influence : au-delà d’une fonction de surveillance, il devrait veiller à la bonne application de la politique gouvernementale, ce qui aiderait les pays à éviter les crises. Quelques étudiants étaient toutefois opposés à l’idée que le FMI devrait être plus impliqué, préférant qu’il continue à joue un rôle consultatif.



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