Communiqué de presse : Le Conseil d’administration du FMI conclut les entretiens annuels sur les politiques communes des pays de la CEMAC

le 24 juillet 2015

Communiqué de presse No. 15/354
Le 24 juillet 2015

Le 17 juillet 2015, le Conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI) a conclu les entretiens annuels sur les politiques et défis communs des États membres de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC)1.

La croissance de la CEMAC est certes restée robuste en 2014, mais le plein effet du choc pétrolier se fera sentir en 2015. La croissance régionale a atteint, selon les estimations, 4,7 %, alimentée par l’augmentation de la production pétrolière et la poursuite des programmes d’investissement public. Néanmoins, elle devrait tomber à 2,8 % en 2015, à cause surtout d’une baisse de l’investissement public. L’inflation demeure en deçà du critère régional de 3 %. Le déficit budgétaire régional se serait creusé à 5,0 % du PIB en 2014 et devrait se détériorer davantage pour grimper à 5,7 % en 2015. Le déficit courant aurait été, selon les estimations, de 3.8 % du PIB en 2014 et il devrait se creuser à 5,8 % en 2015, les exportations de pétrole devant diminuer et les importations liées à l’investissement rester importantes. Les réserves demeurent adéquates.

Les pays de la CEMAC ont réagi différemment à cette nouvelle conjoncture économique. Ils ont pour la plupart revu à la baisse leurs programmes de dépenses en réduisant les dépenses d’investissement et en limitant les dépenses courantes. Tous les pays ont sollicité des avances à la BEAC. En raison de ces développements et d'autres liés à la dette, la dette publique régionale est en hausse.

Les pays de la CEMAC ont réagi différemment à cette nouvelle conjoncture économique. Ils ont pour la plupart revu à la baisse leurs programmes de dépenses en réduisant les dépenses d’investissement et en limitant les dépenses courantes. Tous les pays ont sollicité des avances à la BEAC. En raison de ces développements et d'autres liés à la dette, la dette publique régionale est en hausse.

Les perspectives à moyen terme de la CEMAC sont incertaines. Malgré leur stabilisation récente, à moyen terme les prix du pétrole devraient rester bien inférieurs à ce qu’ils étaient avant le choc. En outre, la production de pétrole commencera à diminuer après 2017. Il faudra alors assurer la viabilité macroéconomique en augmentant les recettes non pétrolières, en suivant une politique de dépenses publiques prudente et en renforçant la compétitivité du secteur non pétrolier. La chute des importations liées aux programmes d’investissement public améliorera en partie les soldes des transactions courantes. Étant donné l’ampleur de l’ajustement nécessaire, la poursuite de cette ligne d’action constituera un défi. En outre, un retour de l’insécurité dans la région du lac Tchad ou en République Centrafricaine freinerait les efforts d’investissement dans les infrastructures régionales —facteur clé de la croissance non pétrolière —et pourrait fragiliser un climat des affaires déjà difficile. Dans cette situation, le principal défi à relever par la CEMAC consiste à engager un ambitieux programme de réformes pour assurer la stabilité macroéconomique et accompagner plus vigoureusement une croissance durable et inclusive. Les institutions régionales doivent être à la base de ce travail.

Évaluation par le Conseil d’administration2

Les administrateurs saluent la solide croissance enregistrée par la CEMAC en 2014, mais notent que les perspectives de la région subissent les effets négatifs de la chute des cours du pétrole et de l’aggravation des risques sécuritaires. Les administrateurs conviennent que pour faire face à cette situation délicate il est nécessaire d’engager des réformes ambitieuses propres à renforcer les politiques macroéconomiques et financières, à faciliter la transition vers une croissance plus généralisée et inclusive, et à accroître la compétitivité extérieure des pays de la CEMAC ainsi que leur résilience face aux chocs. L’assistance technique du FMI et des partenaires au développement sera nécessaire pour accompagner le travail de réforme de la région.

Les administrateurs soulignent qu’il est important d’opérer un rééquilibrage budgétaire en temps opportun pour assurer la stabilité macroéconomique. Ils saluent les efforts déjà consentis par beaucoup de pays membres de la CEMAC, et soulignent que l’ajustement doit être propice à la croissance, et s’accompagner d’une hiérarchisation avisée des investissements en veillant par ailleurs à accroître leur efficience et à préserver les dépenses sociales prioritaires. Les administrateurs conviennent que le cadre de surveillance régionale doit être renforcé. Ils saluent le travail de réforme engagé et encouragent les autorités à viser une règle budgétaire qui soit simple et transparente, et un plafond d’endettement plus faible, conformément au souci de viabilité. La création d’une unité budgétaire régionale chargée de suivre, d’évaluer et de coordonner les politiques nationales sera également importante. Les administrateurs appellent également de leurs vœux la poursuite des progrès dans la mise en œuvre des directives de gestion des finances publiques dans l’ensemble de la CEMAC.

Les administrateurs encouragent les autorités à accélérer la réforme du cadre de politique monétaire afin d’en améliorer les mécanismes de transmission et de mieux gérer les liquidités systémiques. Ils saluent les progrès réalisés dans la mise en place d’un cadre de prévision des liquidités et les efforts consentis pour redynamiser le marché interbancaire, et notent que la transition vers une politique monétaire basée sur le marché devrait bénéficier du développement de marchés obligataires locaux et d’un marché interbancaire plus actif. Le niveau des réserves reste certes globalement adéquat mais les administrateurs soulignent qu’il est important d’observer pleinement les exigences de mise en commun des réserves internationales avec la BEAC. Ils invitent en outre les autorités à redoubler d’efforts pour mettre en œuvre les recommandations de sauvegardes qui demeurent en suspens.

Les administrateurs reconnaissent les progrès réalisés dans l’adoption de nouvelles réglementations bancaires et attendent avec intérêt la préparation d’un plan bien articulé pour appliquer les recommandations de la mise à jour du PESF 2015. Ils recommandent de continuer à renforcer la réglementation prudentielle et de procéder promptement à la publication des textes pertinents; d’entreprendre une revue de la qualité des actifs bancaires; d’adopter un nouveau mécanisme de résolution bancaire; et de renforcer la supervision transfrontalière et les mesures d’exécution y afférentes. Les administrateurs recommandent aussi de promouvoir le développement du secteur financier et l’inclusion financière. Ils saluent le déploiement de ressources humaines et financières additionnelles au sein de la Commission bancaire (COBAC), et appuient la prestation d’une assistance en faveur du renforcement des capacités.

Les administrateurs soulignent le rôle important que pourrait jouer une intégration régionale plus forte au regard du renforcement de la croissance non pétrolière et de l’accélération de la réduction de la pauvreté. Les échanges au sein de la CEMAC devraient être facilités par une réduction des barrières non commerciales, et une harmonisation des procédures douanières, des taxes sur les biens et services et des normes techniques. Un travail national et régional concerté pour améliorer la compétitivité et le climat des affaires, renforcer la protection des investisseurs et consolider les institutions régionales, figure également parmi les priorités importantes.

Les administrateurs soulignent qu’il est nécessaire d’améliorer la qualité et l’actualité des statistiques régionales et nationales et appuient la fourniture d’une assistance technique.

Les avis aujourd’hui exprimés par les administrateurs feront partie des échanges relatifs aux consultations au titre de l’article IV avec les pays membres de la CEMAC qui auront lieu d’ici les prochaines délibérations du Conseil d’administration sur les politiques communes de la CEMAC.


CEMAC : Principaux indicateurs économiques et financiers, 2011–16
 
  2011 2012 2013 2014 2015 2016
        Est. Proj. Proj.
 
  (variation annuelle en pourcentage)

Revenu national et prix

           

PIB à prix constants

3.6 5.4 2.4 4.7 2.8 4.7

PIB pétrolier

-3.7 -1.3 -8.0 2.7 0.5 7.2

PIB non pétrolier 1

5.8 6.4 4.6 4.7 3.6 4.3

Prix à la consommation (moyenne de la période)2

2.6 2.8 2.1 2.7 2.6 2.4

Prix à la consommation (fin de la période)2

4.0 3.2 2.4 2.6 2.5 2.4
  (variation annuelle en pourcentage de la monnaie au sens large en début de période)

Monnaie et crédit

           

Avoirs extérieurs nets

17.0 9.5 -0.4 -7.4 -1.8 -1.4

Avoirs intérieurs nets

0.4 6.7 9.0 17.0 6.9 5.7

Monnaie au sens large

18.2 16.6 9.3 9.6 5.1 4.2
  (pourcentage du PIB, sauf indication contraire)

Épargne nationale brute

28.3 26.8 25.1 24.4 21.7 22.2

Investissement intérieur brut

30.7 29.3 30.6 31.3 31.2 29.2

Dont : public

13.8 14.0 14.5 13.2 11.9 10.4

Opérations financières de l'administration centrale

           

Recettes totales, hors dons

27.6 27.6 26.8 24.8 21.7 22.4

Dépenses publiques

25.3 29.2 30.3 29.7 27.4 26.1

Solde budgétaire primaire de base3

5.1 1.3 0.3 -1.2 -0.8 1.3

Solde budgétaire de base4

4.8 0.7 -0.3 -1.8 -1.7 0.4

Solde budgétaire global, hors dons

1.9 -1.6 -3.5 -5.0 -5.7 -3.7

Solde primaire

3.1 -0.3 -2.3 -3.6 -3.9 -2.0

Solde budgétaire global hors pétrole, hors dons (% du PIB non pétrolier)

-26.1 -31.0 -29.1 -26.3 -19.0 -17.8

Solde budgétaire primaire hors pétrole (% du PIB non pétrolier)

-24.2 -28.9 -27.3 -24.3 -16.8 -15.6

Secteur extérieur

           

Exportations de biens et services non facteurs

56.5 58.0 53.8 50.5 45.4 47.3

Importations de biens et services non facteurs

40.4 42.1 40.4 40.8 40.5 39.7

Balance des biens et services non facteurs

16.1 15.8 13.4 9.8 4.9 7.7

Solde des transactions courantes, dons compris

1.5 -0.1 -1.6 -3.8 -5.8 -3.8

Dette publique extérieure

12.0 13.1 15.4 17.5 22.0 22.0

Réserves officielles brutes (fin de période)

           

Millions de dollars

15,717 17,531 18,222 17,162 15,389 15,146

Mois d’importations de biens et services (moins importations intra-régionales)

5.1 5.8 5.8 7.0 5.8 5.5

 Pourcentage de la monnaie au sens large

85.7 88.7 81.6 70.2 71.2 66.9

Pour mémoire :

           

PIB nominal (milliards FCFA)

42,834 45,877 45,576 46,717 44,294 48,044

CFA pour un dollar, moyenne

471.9 510.5 494 494 ...

Prix du pétrole (dollars/baril)

104.0 105.0 104 96 59 64
 

Sources : données établies par les services du FMI

         

1 Pour la Guinée équatoriale, le PIB non pétrolier comprend la production de dérivés des hydrocarbures.

2 En utilisant comme pondération la part des pays membres dans le PIB de la CEMAC en dollars en PPA.

3 Hors dons, investissements financés sur ressources extérieures et paiement d’intérêts.

4 Hors dons et investissements financés sur ressources extérieures.

CEMAC : Principaux indicateurs économiques et financiers, 2011–16
 
  2011 2012 2013 2014 2015 2016
        Est. Proj. Proj.
 
  (variation annuelle en pourcentage)

Revenu national et prix

           

PIB à prix constants

3.6 5.4 2.4 4.7 2.8 4.7

PIB pétrolier

-3.7 -1.3 -8.0 2.7 0.5 7.2

PIB non pétrolier 1

5.8 6.4 4.6 4.7 3.6 4.3

Prix à la consommation (moyenne de la période)2

2.6 2.8 2.1 2.7 2.6 2.4

Prix à la consommation (fin de la période)2

4.0 3.2 2.4 2.6 2.5 2.4
  (variation annuelle en pourcentage de la monnaie au sens large en début de période)

Monnaie et crédit

           

Avoirs extérieurs nets

17.0 9.5 -0.4 -7.4 -1.8 -1.4

Avoirs intérieurs nets

0.4 6.7 9.0 17.0 6.9 5.7

Monnaie au sens large

18.2 16.6 9.3 9.6 5.1 4.2
  (pourcentage du PIB, sauf indication contraire)

Épargne nationale brute

28.3 26.8 25.1 24.4 21.7 22.2

Investissement intérieur brut

30.7 29.3 30.6 31.3 31.2 29.2

Dont : public

13.8 14.0 14.5 13.2 11.9 10.4

Opérations financières de l'administration centrale

           

Recettes totales, hors dons

27.6 27.6 26.8 24.8 21.7 22.4

Dépenses publiques

25.3 29.2 30.3 29.7 27.4 26.1

Solde budgétaire primaire de base3

5.1 1.3 0.3 -1.2 -0.8 1.3

Solde budgétaire de base4

4.8 0.7 -0.3 -1.8 -1.7 0.4

Solde budgétaire global, hors dons

1.9 -1.6 -3.5 -5.0 -5.7 -3.7

Solde primaire

3.1 -0.3 -2.3 -3.6 -3.9 -2.0

Solde budgétaire global hors pétrole, hors dons (% du PIB non pétrolier)

-26.1 -31.0 -29.1 -26.3 -19.0 -17.8

Solde budgétaire primaire hors pétrole (% du PIB non pétrolier)

-24.2 -28.9 -27.3 -24.3 -16.8 -15.6

Secteur extérieur

           

Exportations de biens et services non facteurs

56.5 58.0 53.8 50.5 45.4 47.3

Importations de biens et services non facteurs

40.4 42.1 40.4 40.8 40.5 39.7

Balance des biens et services non facteurs

16.1 15.8 13.4 9.8 4.9 7.7

Solde des transactions courantes, dons compris

1.5 -0.1 -1.6 -3.8 -5.8 -3.8

Dette publique extérieure

12.0 13.1 15.4 17.5 22.0 22.0

Réserves officielles brutes (fin de période)

           

Millions de dollars

15,717 17,531 18,222 17,162 15,389 15,146

Mois d’importations de biens et services (moins importations intra-régionales)

5.1 5.8 5.8 7.0 5.8 5.5

 Pourcentage de la monnaie au sens large

85.7 88.7 81.6 70.2 71.2 66.9

Pour mémoire :

           

PIB nominal (milliards FCFA)

42,834 45,877 45,576 46,717 44,294 48,044

CFA pour un dollar, moyenne

471.9 510.5 494 494 ...

Prix du pétrole (dollars/baril)

104.0 105.0 104 96 59 64
 

Sources : données établies par les services du FMI

         

1 Pour la Guinée équatoriale, le PIB non pétrolier comprend la production de dérivés des hydrocarbures.

2 En utilisant comme pondération la part des pays membres dans le PIB de la CEMAC en dollars en PPA.

3 Hors dons, investissements financés sur ressources extérieures et paiement d’intérêts.

4 Hors dons et investissements financés sur ressources extérieures.


1 Conformément aux dispositions de l'article IV de ses Statuts, le FMI procède, habituellement chaque année, à des consultations bilatérales avec ses membres. Dans le contexte de ces consultations bilatérales au titre de l'article IV, les services du FMI tiennent des discussions annuelles séparées avec les institutions régionales responsables des politiques communes dans quatre unions monétaires — la zone euro, l’Union monétaire des Caraïbes orientales, l'Union économique et monétaire de l'Afrique centrale et l'Union économique et monétaire ouest-africaine. Pour chacune de ces unions monétaires, les équipes des services du FMI se rendent dans les institutions régionales responsables des politiques communes de l'union monétaire, recueillent des données économiques et financières, et s'entretiennent avec les responsables de l'union monétaire de l'évolution et des politiques économiques de l’union. De retour au siège, les membres de la mission rédigent un rapport qui sert de cadre aux délibérations du Conseil d'administration. Les entretiens des services avec les institutions régionales et l’examen du rapport par le Conseil d’administration font partie intégrante des consultations au titre de l’article IV avec chaque pays membre.

2 À l'issue de ces délibérations, le Directeur général, en qualité de Président du Conseil d'administration, résume les opinions des administrateurs, et ce résumé est communiqué aux autorités du pays. On trouvera une explication des termes convenus utilisés communément dans les résumés des délibérations du Conseil d'administration à l’adresse: http:www.imf.org/external/np/sec/misc/qualifiers.htm.




DÉPARTEMENT DE LA COMMUNICATION DU FMI

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