Protéger les dépenses d’éducation et de santé dans les pays à faible revenu

Par Christine Lagarde, Directrice générale du FMI
6 juin 2017
Élèves à Nairobi (Kenya). Dans de nombreux pays qui appliquent des programmes appuyés par le FMI, les dépenses publiques consacrées à l’éducation ont progressé beaucoup plus rapidement que l’économie du pays (photo : Xinhua/Sipa USA/Newscom).

On sait que les programmes appuyés par le FMI sont conçus pour aider les pays à se remettre d’aplomb, mais qu’en est-il de leur effet sur les dépenses sociales ?

Nos recherches les plus récentes révèlent que les dépenses consacrées à l’éducation et la santé ont généralement été protégées dans les programmes dans les pays à faible revenu. De fait, une analyse des données sur plus de 25 ans (1988-2014) révèle que les dépenses de santé publique, en pourcentage du PIB, sont restées en moyenne inchangées, tandis que les dépenses publiques d’éducation ont augmenté de 0,32 point de pourcentage.

Ces chiffres montrent bien la ferme volonté du FMI de protéger les dépenses de santé et d’éducation et les populations les plus vulnérables lorsque des réformes économiques difficiles sont mises en œuvre. En effet, dans de nombreux pays qui appliquent des programmes appuyés par le FMI, de la Tanzanie au Honduras, en passant par la République kirghize, les dépenses publiques par habitant consacrées à la santé et l’éducation ont progressé beaucoup plus rapidement que le revenu par habitant.

Il est essentiel de préserver les réformes sociales car il est rare que les femmes, les jeunes, les personnes âgées et les pauvres disposent des moyens de pression politiques nécessaires pour défendre leur bien-être économique. En protégeant la santé et les compétences des populations vulnérables, on rend la croissance plus solide, durable et inclusive.

L’année dernière, nous avons décidé de maintenir des taux d’intérêt nuls pour tous les prêts concessionnels du FMI afin d’aider les pays à faible revenu à faire face aux chocs à venir et atteindre les objectifs de développement durable. Or il ne suffit pas d’accorder des financements moins coûteux pour parvenir à une croissance plus durable et inclusive.

Le succès des programmes dans les pays à faible revenu dépend de plus en plus de deux facteurs fondamentaux : i) un niveau minimal de dépenses publiques consacrées à la santé, à l’éducation et aux dispositifs de protection sociale et ii) des mesures de réforme ciblées pour protéger les groupes vulnérables.

Nos données indiquent que ce niveau minimal était prévu dans pratiquement tous les programmes dans les pays à faible revenu, et que plus des deux tiers des objectifs de ces programmes ont été atteints. Dans d’autres programmes appuyés par le FMI, des mesures ont été prises pour renforcer les filets de protection sociale. Ainsi, au Honduras, le gouvernement a appliqué un vaste programme de transferts monétaires pour amortir l’effet de l’ajustement budgétaire (2014).

Plus généralement, les programmes appuyés par le FMI ont contribué à accroître les dépenses sociales en débloquant des financements supplémentaires des bailleurs de fonds et en encourageant des réformes fiscales qui créent des sources de recettes publiques plus solides et plus fiables.

Nous fournissons également une assistance technique sur le terrain dans ce domaine, en aidant chaque année plus de 130 pays à mobiliser des recettes publiques qu’ils peuvent utiliser pour faire de nouveaux investissements dans les hôpitaux, les écoles et les programmes de lutte contre la pauvreté.

Je suis heureuse d’annoncer que le FMI a joué un rôle décisif dans les pays à faible revenu depuis quelques années, comme l’ont reconnu nos pays membres. Nous sommes cependant conscients qu’il faut améliorer notre action dans plusieurs domaines :

  • Premièrement, nous devons définir plus précisément les objectifs des programmes, en tirant les enseignements de nos expériences récentes. Ainsi, au Kenya, on comptait parmi les objectifs du programme de 2011 le coût des traitements antirétroviraux, les dépenses consacrées à l’enseignement public primaire et secondaire et les transferts monétaires en faveur des enfants vulnérables et des personnes âgées. Ces objectifs précis ont rendu ce programme plus ciblé et efficace. C’est ce type d’action que nous voulons développer.

  • Deuxièmement, nous devons améliorer la conception des dispositifs de protection sociale. Un bon exemple est Haïti, où les programmes ont augmenté les dépenses de lutte contre la pauvreté et où le prêt d’urgence du FMI, au lendemain de l’ouragan Matthew, visait à remettre sur pied les services sociaux de base. Notre objectif est d’accroître le nombre de programmes qui prévoient des mesures concrètes de protection des populations vulnérables.

  • Troisièmement, nous devons obtenir de meilleurs résultats en intensifiant notre collaboration avec les pays et les partenaires au développement. Au Bangladesh par exemple, nous avons collaboré étroitement avec la Banque mondiale pour évaluer l’effet de la hausse des prix alimentaires et énergétiques sur le dispositif de protection sociale. En rassemblant les meilleures compétences, nous savons que nous pouvons améliorer sensiblement la qualité de nos propres analyses économiques et des programmes que nous concevons.

Pour finir, nous devons bien entendu ajouter à ces trois clés du progrès plus d’agilité. Ainsi, le FMI a agi rapidement pour apporter aux pays touchés par la maladie à virus Ebola 380 millions de dollars de liquidités qui ont aidé les pays concernés à combattre cette maladie dévastatrice.

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Comme le dit le proverbe africain, « Si tu veux aller vite, marche seul mais si tu veux aller loin, marchons ensemble ».

Je suis consciente de la nécessité d’agir davantage pour parvenir à une croissance plus inclusive et une équité économique. En travaillant en étroite collaboration avec nos partenaires et nos pays membres, nous allons poursuivre les progrès réalisés jusqu’à présent.



DÉPARTEMENT DE LA COMMUNICATION DU FMI

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