Pays pionniers : des économies en plein essor

Par Min Zhu
20 mai 2014

Un groupe de pays à faible revenu dont l’essor est rapide suscite l’intérêt des investisseurs internationaux— ce sont des économies pionnières. Il est important de saisir leurs caractéristiques, d’expliquer leurs différences et de comprendre leur avancée fulgurante car à leur énorme potentiel sont associés des risques importants.

Mieux les connaître

Il convient d’abord de souligner que certains de ces pays sont déjà passés dans la catégorie des pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure. Bien que la définition des économies pionnières n’ait pas encore été arrêtée, ces pays ont généralement approfondi leurs marchés financiers, comme le Bangladesh, le Kenya, le Nigéria, le Mozambique et le Vietnam.

Ils ont aussi réussi à accéder aux marchés internationaux de capitaux, comme la Bolivie, le Ghana, le Honduras, la Mongolie, le Nigéria, le Sénégal, la Tanzanie, le Vietnam et la Zambie. Leurs marchés ne sont toutefois pas aussi profonds et liquides que ceux des marchés émergents, mais comparés à ces derniers, ils offrent des rendements plus élevés et présentent les avantages d’un portefeuille diversifié.

Comment ont-ils fait?

Nombre de pays pionniers connaissent un essor rapide, dans la plupart des cas grâce à des efforts soutenus pour atteindre la stabilité macroéconomique et à la mise en place d’institutions favorables aux entreprises (Graphique 1). Ces économies ont aussi déployé des efforts significatifs pour faire baisser l’inflation moyennant une politique budgétaire et monétaire prudente (Graphique 2).

La plupart de ces pays ont réussi à renforcer leur dispositif de formulation des politiques, à réduire la bureaucratie excessive et à minimiser les restrictions commerciales. Les réformes entreprises pour faire évoluer leur structure économique leur ont permis de libérer leur potentiel, notamment en privilégiant davantage le secteur des services, comme la Tanzanie et le Kenya. Nombre de pays ont allégé le fardeau de leur dette au cours de la dernière décennie, libérant ainsi des fonds pour des investissements dans le capital physique et humain. Plusieurs pays ont reçu un allégement de la dette par le biais de l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés, mais d’autres ont réduit leur dette sans cette initiative, tels que le Kenya, la Mongolie, le Nigéria et le Vietnam.

Ces pays ont approfondi leurs marchés financiers à un rythme rapide — ils offrent davantage de services et de produits financiers locaux que leur pairs.

Certains ont suscité l’intérêt des investisseurs internationaux pour leurs marchés obligataires et plusieurs ont émis des obligations souveraines sur les marchés internationaux de capitaux (Graphique 3).

Ces pays qui ont accès aux marchés internationaux de capitaux sont en mesure d’attirer un financement pour combler les déficits de l’infrastructure, notamment les routes et les chemins de fer, ce qui peut doper davantage la croissance. Comment le verra plus loin, l’accès au marché présente aussi de nouveaux risques financiers que ces pays doivent soigneusement gérer.

Influences extérieures

Les faibles taux d’intérêt, conjugués à la réduction de la dette des économies avancées, ont incité les investisseurs à rechercher des rendements plus élevés pour leurs investissements, ce qui les a poussés à investir dans les économies pionnières.

Les économies émergentes recherchent des ressources, ce qui a contribué à améliorer les termes de l’échange et causé une envolée des investissements intérieurs et extérieurs dans les pays riches en ressources, tels que la Bolivie, le Ghana, le Nigéria et la Mongolie.

Les investissements publics intérieurs ont progressé sous l’effet de la diminution du fardeau de la dette, des taux favorables des emprunts extérieurs et des prix élevés des produits de base qui ont accru l’accès aux sources d’investissement privé par-delà leurs frontières.

Risques et stratégies pour les gérer

Les économies pionnières sont aussi confrontées à un certain nombre de risques et d’enjeux en raison de ces flux de capitaux.

• Le marché fait preuve d’une plus grande vigilance à l’égard de ces économies pionnières en raison de leur accès aux capitaux privés extérieurs; leurs politiques macroéconomiques intérieures ont révélé davantage d’insuffisances, telles que l’affaiblissement des positions budgétaire et extérieure. Il est donc important que ces économies pionnières préservent leur stabilité économique et leur viabilité budgétaire conquises de haute lutte.

• Les flux de capitaux vers les économies pionnières pourraient commencer à marquer le pas alors que les taux d’intérêt commencent à augmenter aux États-Unis et que la politique monétaire revient à la normale.

Les taux de change de certains pays, qui ont bénéficié des investissements étrangers dans leursmarchés obligataires publics intérieurs et présentent d’importants déséquilibres budgétaires et de leur compte courant, ont été volatils ces derniers mois et les écarts ont augmenté. Le récent document du FMI sur la gestion des flux de capitaux offre un cadre de politique économique pour aider les pays à gérer les risques associés à ces flux.

• Le volume limité et la liquidité des obligations publiques émises par les économies pionnières sur les marchés internationaux de capitaux minimisent le risque d’un renversement des flux de capitaux. Mais les nouvelles émissions pourraient rencontrer des écarts plus élevés et les obligations arrivant à échéance avoir du mal à trouver de nouveaux acquéreurs.

Il est donc important de poursuivre les efforts destinés à accumuler des réserves extérieures adéquates, renforcer les fondamentaux économiques et institutionnels, notamment l’épargne intérieure.

De nouvelles réformes structurelles, notamment dans les secteurs du travail et du commerce, de même que la réglementation et l’augmentation des investissements, favoriseraient la productivité et aideraient ces pays à progresser sur la chaîne de valeur.

• Même si les marchés financiers des économies pionnières sont plus profonds que ceux de certains de leurs pairs à faible revenu, ils sont encore susceptibles d’être améliorés. Notamment, un approfondissement du marché obligataire intérieur permettrait une intermédiation plus efficiente des flux financiers.

• Nous encourageons aussi les pays à surveiller l’accumulation des risques et à préserver la viabilité du budget et de la dette. Il serait souhaitable que les pays utilisent le produit des obligations publiques pour des projets à haut rendement, que celles-ci soient émises dans le pays ou sur les marchés internationaux de capitaux.

Les économies pionnières sont très prometteuses et les réformes de leurs politiques et de leurs institutions sont essentielles pour pérenniser la réussite. Elles doivent continuer à privilégier la stabilité macroéconomique, la viabilité budgétaire et extérieure et à améliorer les institutions favorables aux investisseurs. Les flux de capitaux pourraient être une épée à double tranchant — les décideurs doivent optimiser leurs avantages, mais aussi prendre des mesures pour faire face aux risques qui leur sont associés.



DÉPARTEMENT DE LA COMMUNICATION DU FMI

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