Pleins feux sur l’assistance technique du FMI

Par Nemat Shafik, Directrice générale adjointe
Fonds monétaire international
Affiché le 13 octobre 2011 par le blog du FMI - iMFdirect

Parmi les trois volets principaux des activités du FMI, l’assistance technique a longtemps été en quelque sorte l’enfant du milieu; celui qui ne reçoit pas autant d’attention que les aînés ou les plus jeunes, et qui pourtant, à bien des égards, assure la cohésion de la famille.

Les deux autres volets sont bien connus : nous prêtons de l’argent aux pays dans le besoin et en temps de crise, et nous dressons chaque année un bilan de santé de l’économie et du système financier des pays membres, ce qu’il est convenu d’appeler la surveillance.

À l’heure où tous les pays font face à la crise économique mondiale, l’assistance technique du FMI joue un rôle plus central et constitue un élément essentiel du travail que nous effectuons pour aider les pays à prévenir les crises, à s’y préparer et à les surmonter. L’assistance technique aide aussi les pays à maîtriser la forme et la matière du gouvernement pour en assurer l’efficacité et la légitimité.

Et de même que nous adaptons nos méthodes à la lumière des enseignements de la crise récente, nous devons aussi adapter notre manière de travailler en fonction des besoins des pays et changer notre façon de mesurer les progrès.

Une toute nouvelle stratégie d’assistance technique est à l’étude au FMI et il y a cinq grands domaines prioritaires : adaptation à l’évolution des besoins des pays, approfondissement de la coopération avec les bailleurs de fonds, nouveaux modes de prestation de l’assistance, importance de la formation et exigence de résultats.

Voici pourquoi :

Pour servir de notre mieux nos pays membres — un objectif primordial —, nous devons nous adapter constamment à l’évolution de leurs besoins. Les quelques dernières années ont clairement montré avec quelle rapidité de nouveaux défis peuvent surgir. La réaction rapide du FMI à la crise mondiale est cruciale pour nos travaux. Nous nous sommes adaptés rapidement et nous devons être prêts à continuer à faire de même. Pour aborder les nouvelles dimensions complexes du renforcement des capacités et de la formation, notre programme de travail devra être modulable et s’étendre à des domaines tels que les conseils sur la résolution des crises, les liens entre les économies nationales et leurs systèmes financiers et les stratégies d’endettement viables.

L’approfondissement de la coopération avec les bailleurs de fonds rehaussera l’efficacité de nos travaux de renforcement des capacités : les contributions financières des bailleurs de fonds à ces travaux nous ont permis de répondre à une demande croissante de conseils de nature générale ou plus spécialisée.

En 2011, les bailleurs de fonds ont financé environ 75 % de l’assistance technique, contre près de 60 % en 2007. Et le nombre de pays donateurs — plus d’une quarantaine — a presque doublé.

Nous devons être à l’affût de nouveaux modes de prestation de l’assistance technique. Nos Centres régionaux d'assistance technique nous permettent de travailler au plus près des pays bénéficiaires et de centrer notre attention sur les questions essentielles, avec l’appui des bailleurs de fonds.

L’inauguration officielle du dernier en date de nos centres régionaux aura lieu à Maurice le 17 octobre.

Nous avons déjà à l’étude un autre centre régional qui desservira les pays non francophones d’Afrique de l’Ouest et nous recherchons les appuis nécessaires. Ce sera le cinquième centre en Afrique subsaharienne et il complétera le maillage du continent.

L’assistance technique et la formation vont de pair et se renforcent mutuellement. Elles ont pour but commun de renforcer les capacités pour accompagner et mettre en œuvre des politiques gouvernementales avisées.

La formation peut, par exemple, permettre aux cadres d’acquérir les compétences requises pour sonner suite aux conseils et recommandations. Lorsque la crise financière mondiale a éclaté, beaucoup de pays ont utilisé leurs marges de manœuvre budgétaires pour en amortir l’impact, et ce fut notamment le cas de quelques pays à faible revenu qui avaient auparavant bénéficié d’un allègement de dette. Maintenant que le niveau de leur endettement a recommencé à s’accroître, beaucoup de pays sollicitent notre aide pour mettre au point des stratégies de gestion de la dette à moyen terme.

L’assistance technique du FMI signifie qu’un pays n’est pas obligé de partir de zéro. Nous mettons en valeur l’expérience et les compétences d’experts de plus d’une centaine de nations, de sorte que les pays qui ont besoin d’aide puissent adopter les pratiques optimales qui leur conviennent le mieux.

Nos représentants résidents et les coordonateurs des centres régionaux qui travaillent sur place s’attachent à entretenir un dialogue continu avec les partenaires internationaux au développement, les organisations locales et internationales de la société civile et d’autres acteurs du développement afin de promouvoir la coopération avec les autres prestataires d’assistance technique.

Il ne faut pas oublier que ce sont les résultats qui comptent. Une de mes préoccupations majeures est de trouver la meilleure façon possible de mesurer l’impact de l’assistance technique.

Nous devons nous interroger et voir, par exemple, en quoi nous pouvons, de manière réaliste, aider un pays membre à réaliser ses objectifs stratégiques, tels que celui de l’augmentation des recettes pour accroître les dépenses de lutte contre la pauvreté.

Ce sont des questions délicates; pour y répondre efficacement, nous devons faire preuve de plus de rigueur dans la définition de nos objectifs et l’évaluation des résultats. Nous avons beaucoup à apprendre de certains des bailleurs de fonds qui sont nos partenaires. Ils demandent une gestion davantage fondée sur les résultats, qui peut être utile non seulement pour établir le cadre de référence de décisions responsables, mais aussi pour faire plus clairement état de ce que nous avons accompli.

Il faut cependant rester réaliste quant à ce qu’il est possible d’accomplir et de mesurer. Les bouleversements économiques, les événements politiques et les ondes de chocs d’événements qui peuvent se produire aux États-Unis, en Europe ou ailleurs continueront à influer sur les résultats dans d’autres pays.



Nemat Shafik a pris les fonctions de Directrice générale adjointe du Fonds monétaire international le 11 avril 2011.

Ressortissante d’Égypte, du Royaume-Uni et des États-Unis, Mme Shafik est une citoyenne du monde dont les travaux dans des domaines aussi divers que les pays émergents, le développement international, le Moyen-Orient et l’Afrique ou encore le secteur financier, jouissent d’une reconnaissance internationale. Elle apporte au FMI une riche expérience des sphères décisionnelles, de la gestion et du monde universitaire.

Elle a été la plus jeune Vice-présidente de l’histoire de la Banque mondiale, où elle était responsable des activités liées au secteur privé et des investissements en infrastructures, et a fait partie de l’équipe de direction de la Société financière internationale. Elle a occupé le poste de Secrétaire permanente du Ministère du développement international du Royaume-Uni (DFID). Elle avait précédemment exercé au Caire les fonctions de consultante en développement.

Après des études secondaires à Alexandrie (Égypte), puis des études universitaires à l’Université américaine du Caire, Mme Shafik a obtenu des diplômes de l’Université du Massachusetts (Amherst) et de la London School of Economics, ainsi qu’un doctorat en économie de l’Université d’Oxford. Elle a été membre du Groupe consultatif du Moyen-Orient pour le FMI. Elle est l’auteur de nombreuses publications, surtout sur le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord et a enseigné à la Wharton School of Business et à l’Université de Georgetown. Elle parle l’anglais, l’arabe et le français.



DÉPARTEMENT DE LA COMMUNICATION DU FMI

Relations publiques    Relations avec les médias
Courriel : publicaffairs@imf.org Courriel : media@imf.org
Télécopie : 202-623-6220 Télécopie : 202-623-7100