Annual Meetings 2003

2003 Annual Meetings: News Releases, Speeches, Committee Papers, Documents and Background Information

Statements Given on the Occasion of the IMFC Meeting
September 21, 2003

Documents Related to the September 21, 2003 IMFC Meeting






Déclaration de l'honorable John Manley
Ministre des Finances du Canada
Comité monétaire et financier international

Washington, D.C., le 21 septembre 2003
English

Au nom d'Antigua-et-Barbuda, des Bahamas, de la Barbade, de Belize, du Canada, de la Dominique, de Grenade, de l'Irlande, de la Jamaïque, de Saint-Kitts-et-Nevis, de Sainte-Lucie et de Saint-Vincent-et-les-Grenadines


Introduction

Les perspectives économiques mondiales semblent plus prometteuses qu'à notre dernière rencontre, lors de la réunion printanière du Comité monétaire et financier international. Nous sommes rassurés par les signes avant-coureurs d'une croissance plus soutenue aux États-Unis et au Japon, et par une certaine amélioration des indicateurs de consommation dans certains pays d'Europe. D'importants risques subsistent toutefois. La vigilance demeure de rigueur afin de soutenir une croissance plus solide dans les années à venir, l'accent devant être mis sur l'application de saines politiques économiques et sur d'autres réformes structurelles. Il reste des défis à relever sur le front de l'économie mondiale, et des efforts soutenus devront être déployés afin d'améliorer la capacité qu'a le Fonds d'aider les pays à prévenir et à régler les crises financières et à résister aux chocs éventuels. Il faudra, pour réaliser d'autres progrès en matière de réduction de la pauvreté dans les pays à faible revenu, une période soutenue de croissance économique plus rapide dans les pays en développement.

L'économie mondiale : les perspectives, les risques et les interventions stratégiques

Les perspectives mondiales sont nettement plus favorables qu'à notre dernière rencontre. Tous les risques n'ont pas disparu, mais plutôt que de prévoir un renforcement de la croissance comme nous le faisons depuis plus d'un an, nous constatons ce renforcement, surtout aux États-Unis. Une politique monétaire assouplie et une politique budgétaire expansionniste ont contribué à maintenir à la hausse les dépenses des ménages. Parallèlement, les taux continuellement élevés de croissance de la productivité concourent à l'amélioration des perspectives d'investissement.

Au Canada, la production, l'emploi et la demande intérieure ont affiché une forte croissance tout au long du premier trimestre de cette année. Plus récemment, nous avons été frappés par une série de chocs, dont l'épidémie du syndrome respiratoire aigu sévère, la découverte d'un cas isolé de maladie de la vache folle et l'appréciation du dollar canadien, qui ont arrèté l'expansion de l'économie au deuxième trimestre.

Les répercussions néfastes de ces chocs devraient toutefois être de courte durée. Les saines données fondamentales de l'économie canadienne, jumelées au renforcement de la reprise aux États-Unis, devraient soutenir la croissance dans la deuxième moitié de 2003. Nous sommes d'accord avec le Fonds monétaire international (FMI) et l'Organisation de coopération et de développement économiques, qui voient le Canada près du premier rang du Groupe des Sept au chapitre de la croissance en 2003 et en 2004.

La croissance est également solide dans la majeure partie de l'Asie. De fait, le Japon a probablement causé la plus forte surprise sur le plan de la croissance dans la première moitié de cette année, au moment où l'adoption de mesures monétaires expansionnistes semble donner des résultats. La déflation subsiste toutefois, ce qui signifie que la Banque du Japon devrait intensifier ses efforts expansionnistes.

Les perspectives demeurent peu réjouissantes dans certaines régions. La croissance continue de se faire attendre dans la majeure partie de l'Europe, quoique certains indicateurs de consommation aient rebondi récemment. En outre, des gouvernements ont adopté des mesures visant à surmonter certains facteurs de rigidité structurelle ayant nui à la croissance au cours des dernières années. Selon nous, il y aurait lieu d'envisager d'autres mesures d'assouplissement monétaire afin de renforcer les perspectives de croissance.

Pour ce qui est de l'Irlande, la reprise qui se fait attendre en Europe et la récente appréciation de l'euro causent de grandes difficultés à son économie très ouverte. Une croissance de 1 à 2 % semble probable cette année, ce qui est bien inférieur au potentiel, et trop peu pour empêcher une augmentation du chômage. La politique continue de mettre l'accent sur l'établissement de l'assise d'une future expansion soutenue. L'inflation et la croissance des coûts ont sensiblement diminué, aidées en cela par la récente entente de partenariat social. L'investissement public dans l'infrastructure de base - ainsi que dans la recherche, l'éducation et la formation - demeure une priorité budgétaire fondamentale. Malgré l'effet des mécanismes stabilisateurs automatiques, un déficit budgétaire assez léger est à prévoir, et le ratio de la dette, déjà faible, devrait demeurer à peu près inchangé. De plus, la réforme structurelle se poursuit en vue d'accroître la compétitivité de l'économie.

La performance économique de la majorité des pays des Caraïbes que je représente a été discrète, traduisant l'interdépendance des économies d'aujourd'hui. Le récent ralentissement mondial et l'instabilité géopolitique ont grandement nui à l'expansion du secteur clé de la région - le tourisme - et ont donc retardé la croissance économique régionale. Cependant, les efforts déployés dans les Caraïbes afin d'intensifier les réformes économiques et d'accroître la compétitivité internationale, de même que la reprise récente de l'économie internationale, devraient améliorer les perspectives de croissance dans les Caraïbes.

La croissance dans certains des principaux marchés émergents a été inégale. Un certain nombre de gouvernements ont toutefois effectué des réformes structurelles courageuses afin de favoriser la croissance de leur économie. Ces mesures ont été reconnues par les marchés financiers, et elles ont contribué au contexte généralement favorable de financement de la dette des marchés émergents.

En conséquence, les perspectives à court terme sont plus rassurantes qu'il y a six mois.

Les défis à moyen terme

La difficulté consiste maintenant à profiter de la conjoncture favorable actuelle pour apporter les modifications structurelles propices à une croissance solide à moyen terme.

La politique budgétaire doit être établie sur une trajectoire soutenable à moyen terme, surtout dans le cas de certains pays industrialisés qui ressentent les effets du vieillissement de leur population ou le ressentiront sous peu. Cela s'applique également aux économies des marchés émergents qui, comme elles doivent emprunter pour financer leurs déficits, demeurent vulnérables aux humeurs des marchés financiers.

Les systèmes financiers doivent être renforcés. Il s'agit d'une question urgente pour les économies de marchés émergents, qui joueront un rôle de plus en plus important sur les marchés financiers internationaux. Nous avons toutefois constaté au cours des dernières années que des pays industrialisés accusent également des lacunes réglementaires et affichent des facteurs de vulnérabilité.

Le déséquilibre des paiements extérieurs cause un risque d'instabilité des taux de change et de tensions commerciales accrues. Il faut corriger ces déséquilibres.

Il est possible de le faire de deux façons. Nous pouvons le faire sous le signe de la collaboration et de manière constructive, au moyen de réformes structurelles efficaces, de saines politiques monétaires et budgétaires favorisant une croissance soutenue, de régimes de libéralisme commercial et de régimes de change souples. De façon générale, c'est le chemin que nous avons emprunté depuis la Seconde Guerre mondiale, et il nous a permis d'améliorer le mieux-être des populations comme jamais auparavant. Nous pouvons également rejeter le blâme et le fardeau du rajustement sur d'autres pays. C'est ce qu'ont fait bon nombre de pays dans les années 1930, avec les résultats désastreux que l'on connaît.

Améliorer la capacité de prévention et de règlement des crises financières

Prévention des crises et surveillance exercée par le FMI

Le rôle de surveillance exercé par le Fonds est crucial afin de relever les problèmes émergents et les déséquilibres de principe avant qu'ils ne dégénèrent en crises. La prévention des crises constitue toujours la solution privilégiée; après tout, la crise la plus facile à régler est celle qui n'a pas lieu. La surveillance exercée par le Fonds aide les pays à établir de solides cadres stratégiques qui constituent le fondement de la croissance soutenue. Il est tout aussi important de veiller à ce que les facteurs incitatifs soient bien harmonisés, de sorte que les investisseurs puissent évaluer avec exactitude les risques des prêts consentis à l'étranger.

Le Fonds a accompli d'autres progrès au chapitre de l'efficacité de la surveillance, notamment au moyen du cadre renforcé des évaluations de soutenabilité de la dette et d'autres outils visant à faire en sorte que la fragilité financière soit prise en considération comme il se doit. En outre, l'évaluation que fait le Fonds de la situation des pays est désormais plus franche, mais il reste des progrès à accomplir. Sans un portrait exact des possibilités et des risques présents dans un pays, toute prescription de principe demeure inutile.

Nous sommes également satisfaits de l'approche globale adoptée par le Fonds en matière de surveillance, en vertu de laquelle une plus grande importance est accordée au maintien de saines institutions et de la règle de droit, et grâce à laquelle les questions d'économie politique et d'appartenance aux programmes sont examinées de plus près. Le Fonds pourrait même faire davantage pour renforcer l'appartenance en publiant un plus grand nombre de ses documents, ce qui favoriserait un dialogue utile avec les parties intéressées, améliorerait la conception des politiques et augmenterait le soutien public des réformes. De plus, l'appartenance aux programmes pourrait être renforcée si les documents du Fonds comprenaient des scénarios qui décrivent clairement les coûts de l'inaction stratégique. Le public doit être assuré que des réformes souvent difficiles sont vraiment nécessaires, et qu'elles procurent des avantages importants à moyen terme.

Enfin, il ne faut pas oublier que chaque pays a la responsabilité au premier chef de prévenir les crises. De saines données macroéconomiques fondamentales capables de résister aux chocs économiques et financiers doivent constituer le premier moyen de défense.

Progrès accomplis au chapitre du règlement des crises

Il est clair que les crises financières existeront toujours, malgré l'intensification des efforts de prévention. De grands progrès ont été réalisés au cours des dernières années afin d'améliorer le cadre de règlement des crises, notamment l'établissement de critères et de modalités pour les prêts exceptionnels et l'adoption à grande échelle des clauses d'action collective dans les contrats obligataires des pays souverains. Des travaux sont également en cours afin de mettre au point un code de conduite qui orientera les relations entre débiteurs et créanciers. Si un code était accepté à grande échelle, il pourrait s'ajouter au cadre global de prévention et de règlement des crises.

Ce cadre doit toutefois être considéré comme un dossier en constante évolution. Il y a lieu d'en faire davantage au chapitre des projets de restructuration de la dette, comme sur le plan de l'agrégation et de l'équité entre les créanciers. Les programmes d'aide financière du FMI doivent prévoir les réformes nécessaires pour placer les économies sur la voie de la croissance durable, de sorte qu'elles n'aient plus besoin de compter sur l'aide publique.

Hausser les taux de croissance dans les pays à faible revenu

Même si les pays à faible revenu sont aux prises avec leurs difficultés propres, ils doivent mettre en oeuvre les réformes nécessaires pour s'orienter sur la voie d'une croissance plus durable. Rien ne peut favoriser la croissance et la réduction de la pauvreté comme l'application de saines politiques économiques. Parallèlement, il devient de plus en plus clair que cela ne suffit pas à donner des résultats satisfaisants à long terme. Si la gouvernance est défaillante, si les droits de propriété ne sont pas protégés, si l'on ne peut se fier aux contrats juridiques, les perspectives d'amélioration du mieux-être économique des populations des pays les plus pauvres demeureront faibles.

Aujourd'hui, nous cherchons des façons pour le Fonds de mieux soutenir ces efforts. Nous nous entendons tous pour dire que notre objectif à long terme consiste à aider les pays à faible revenu à connaître une croissance plus rapide ainsi qu'à réduire la pauvreté de sorte qu'ils pays puissent s'en remettre dans une grande mesure au financement du secteur privé. Le Fonds peut faciliter la réalisation de cet objectif au moyen d'un appui intensifié dans ses secteurs traditionnels de compétence macroéconomique. Cet aspect doit demeurer au centre de ses activités. Nous estimons toutefois que le Fonds doit travailler en plus étroite collaboration avec des partenaires du développement dans des domaines comme le renforcement des institutions et qu'il doit favoriser un plus grand sentiment d'appartenance aux programmes dans les pays en développement.

Il y aurait peut-être aussi lieu de modifier les instruments offerts par le Fonds aux pays à faible revenu, surtout pour les pays qui se relèvent d'un conflit mais qui ne sont pas prêts à adhérer à part entière à un programme ainsi que pour les pays en transition vers une économie de marché émergent.

Le Fonds peut également apporter une importante contribution aux pays à faible revenu vulnérables en les conseillant sur la façon de réagir aux chocs exogènes. Il y a lieu d'adopter des lignes de conduite particulières, de sorte que les documents du Fonds mettent systématiquement l'accent sur la façon de réagir aux chocs.

Cela ne signifie pas que le Fonds puisse microgérer tous les aspects du programme du développement ou qu'il doive le faire. Il faut plutôt adopter une approche plus exhaustive, et le Fonds doit être l'un des principaux partenaires. À moins que les représentants de la communauté internationale, notamment des donateurs bilatéraux et multilatéraux, collaborent à renforcer la capacité de croissance et de réduction de la pauvreté des pays en développement, nos objectifs à plus long terme ne pourront être réalisés.

Conclusion

Pour conclure, je ne prendrai que quelques instants pour vous dire à quel point nous apprécions le travail difficile accompli par le personnel du Fonds et de la Banque dans bon nombre des pays les plus pauvres et les plus déchirés par des conflits. La récente tragédie de Bagdad, lors de laquelle un certain nombre d'employés du Fonds ont été blessés et où plusieurs employés de l'Organisation des Nations Unies et de la Banque mondiale ont été tués, nous a douloureusement rappelé à quel point le travail de première ligne est ardu dans ces pays. Nous tenons à exprimer toute notre sympathie aux familles et aux collègues de ces personnes.