Déclaration de la Directrice générale Kristalina Georgieva à l’occasion de la Conférence internationale de soutien à la population du Liban

le 4 août 2021

Je tiens à remercier le président Macron et le Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies de nous avoir réunis à l’occasion de cette conférence.   

Lors de notre rencontre en août dernier après l’explosion qui a ravagé Beyrouth, dont certaines parties ont été reconstruites depuis, nous espérions qu’une telle tragédie amorcerait une réforme profonde sur le plan politique, social et économique. Malheureusement, cela n’a pas été le cas. Au contraire, nous assistons à une détérioration dramatique des conditions de vie de la population libanaise.

De nombreux intervenants ont mis l’accent sur la crise humanitaire que connaît le Liban. Si vous le permettez, j’aimerais ajouter un point sur l’économie du pays. Celle-ci s’est déjà effondrée de près d’un tiers depuis 2017 et devrait connaître une nouvelle contraction en 2021-22 ; le chômage atteint des sommets. Et pour ne rien arranger, la pandémie continue de faire des ravages. 

C’est dans ce contexte que vous nous avez réunis, Monsieur le président Macron, pour évoquer une population dont les besoins humanitaires pressants ont été bien trop négligés et une économie gravement affaiblie dont la réforme a pris bien trop de retard.

Au FMI, nous estimons donc qu’il est urgent d’agir aujourd’hui et primordial de procéder à une transformation à long terme de l’économie libanaise. 

Pour ce qui est de l’urgence d’agir, comme vous l’avez signalé, et je tiens à vous remercier personnellement pour le rôle moteur que vous avez joué à cet égard, le conseil des gouverneurs a approuvé le 2 août dernier une nouvelle allocation de DTS d’un montant équivalent à 650 milliards de dollars, qui sera répartie dans quelques semaines en fonction de la quote-part de chaque pays membre. Pour le Liban, la somme n’est pas négligeable. Le pays devrait recevoir l’équivalent en DTS d’environ 860 millions de dollars à un moment déterminant pour renforcer les réserves épuisées du pays et pour répondre aux nombreux besoins urgents du peuple libanais.

Il est impératif que les DTS soient utilisés de manière responsable et éclairée. Cela est vrai partout, mais c’est particulièrement important pour le Liban, qui connaît une situation très difficile.  L’allocation de DTS est précieuse. Elle doit être mise à profit dans l’intérêt suprême du pays et de sa population. La manière de l’utiliser relève bien sûr d’une décision souveraine, mais il faut absolument prendre une bonne décision.  Le peuple libanais a le droit de savoir en quoi ces DTS vont lui être utiles. J’invite ainsi nos partenaires internationaux et nationaux à collaborer avec nous pour garantir la transparence et la responsabilisation dans le cadre de l’utilisation de la nouvelle allocation de DTS que recevra le Liban.

Cela dit, les DTS ne vont pas résoudre les problèmes structurels et systémiques à long terme du Liban. Que faut-il pour cela ? Il faut un gouvernement qui soit en mesure de réformer et de revitaliser l’économie sinistrée du pays.

Nous savons dans quels domaines il convient d’agir.  Nous savons quelles mesures doivent être prises :

  • premièrement, s’attaquer de front au problème fondamental de la mauvaise gouvernance: renforcer la lutte contre la corruption ; améliorer l’exécution des fonctions de l’État, en particulier la gestion des entreprises publiques, notamment dans le secteur de l’énergie, qui constitue le domaine d’action le plus crucial ; réaliser un audit de la banque centrale et de la compagnie d’électricité ;   
  • deuxièmement, mettre en œuvre une stratégie budgétaire prévoyant à la fois une restructuration profonde de la dette et des réformes visant à restaurer la crédibilité du pays. Il convient également de prêter attention aux dépenses sociales dans le cadre de cette stratégie ;     
  • troisièmement, procéder à une restructuration complète du secteur financier, reconnaître d’emblée les pertes des banques privées et de la banque centrale, mais le faire de manière à protéger les petits déposants ;   
  • enfin, et surtout, mettre en place un système monétaire et de change crédible, étayé par une unification des taux de change.

Au cours de l’année écoulée, nous nous sommes montrés disponibles pour les autorités libanaises, mais permettez-moi d’être très honnête avec vous : notre action est fortement restreinte du fait de l’absence d’un véritable gouvernement.  Aussi, permettez-moi d’exhorter à nouveau les responsables politiques libanais à se rassembler derrière un nouveau gouvernement qui aura la volonté de procéder à des réformes et sera doté du mandat pour le faire. 


Pour conclure, je voudrais adresser un message au merveilleux peuple libanais : nous sommes à vos côtés et nous attendons avec impatience la mise en place d’un gouvernement afin que nous puissions unir nos forces et, ensemble, sortir le Liban de la tragédie de ces dernières années. 

Département de la communication du FMI
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