Le conseil d’administration du FMI achève les entretiens annuels concernant les politiques communes de la CEMAC et les politiques communes à l’appui des programmes de réforme des pays membres

le 16 décembre 2021

  • Le conseil d’administration du FMI achève les entretiens annuels concernant les politiques communes de la CEMAC et les politiques communes à l’appui des programmes de réforme des pays membres.
  • La crise liée à la pandémie, qui dure depuis presque deux ans, a fragilisé la position extérieure de la CEMAC.
  • La position extérieure devrait se renforcer à partir de 2022, au fur et à mesure que la région sortira de la crise, grâce au resserrement des politiques économiques à la hausse des cours du pétrole et à l’engagement réitéré des chefs d’État en faveur d’une accélération des réformes structurelles et des réformes visant à améliorer la transparence et la gouvernance.

Washington: Le 10 décembre 2021, le conseil d’administration du FMI a conclu les entretiens annuels avec la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale (CEMAC) sur les politiques communes des pays membres et les politiques communes en faveur des programmes de réforme de ces pays [1] .

La contraction économique subie par la CEMAC en 2020 s’est révélée moins importante que prévu, grâce au rétablissement de l’activité non pétrolière fin 2020, à l’assouplissement des mesures de confinement et à l’ampleur de la relance budgétaire. Une reprise progressive devrait avoir démarré en 2021, avec une croissance du PIB de 1,9 %. D’après les projections, le déficit budgétaire global (hors dons) devrait s’être comblé de 0,5 point de pourcentage par rapport à 2020 pour atteindre 2,7 % du PIB en 2021, tandis que la dette publique devrait avoir reculé de 3,8 points de pourcentage, pour représenter 56,2 % du PIB en 2021.

En dépit d’un environnement extérieur plus favorable, caractérisé par le redressement de la croissance mondiale, la hausse rapide des cours du pétrole et de l’assistance financière sans précédent apportée par le FMI, y compris par l’allocation de DTS, la CEMAC affiche une position extérieure fragile en fin d’année 2021, et ses réserves de change représentent seulement un peu plus de trois mois d’importations potentielles. Après une forte dégradation en 2020, le déficit du compte courant extérieur devrait nettement s’améliorer, principalement du fait du redressement des cours mondiaux du pétrole, pour s’établir à 2,1 % du PIB en 2021.

Les autorités régionales et nationales ont commencé à resserrer le dosage de politiques macroéconomiques en 2021. La BEAC a renforcé son cadre de gestion des liquidités en reprenant ses opérations de ponction de liquidités ; elle a également mis fin à l’assouplissement du système de décotes appliquées aux titres d’État, qu’elle avait adopté en début de crise, en les rétablissant à leurs niveaux prépandémiques ; enfin, comme prévu, elle a mis un terme à la fin du mois d’août au programme de rachat de titres d’État. En novembre 2021, la BEAC a resserré sa politique monétaire en augmentant son taux directeur de 25 points de base, et a relevé en décembre le taux de son guichet d’absorption des liquidités. En outre, les autorités normalisent progressivement la réglementation prudentielle, qui avait été provisoirement assouplie afin d’atténuer les effets de la crise sur le secteur financier : ainsi, en août 2021, elles ont relevé de 50 points de base les exigences de fonds propres. Au niveau des pays, la reprise des programmes appuyés par le FMI au Cameroun et au Gabon, et la perspective de nouveaux programmes pour le Congo et le Tchad ont contribué à obtenir des engagements en faveur d’un rééquilibrage des finances publiques et de programmes de réformes plus vastes.

La hausse des cours du pétrole, le raffermissement de la croissance mondiale et un rééquilibrage budgétaire considérable devraient contribuer à consolider les soldes extérieurs globaux et favoriser l’accumulation de réserves de change en 2022. La croissance devrait rebondir à 2,8 % en 2022 et continuer de s’accélérer progressivement pour atteindre environ 4,1 % à moyen terme, principalement grâce à une accélération de la croissance dans le secteur non pétrolier, tandis que les réformes visant à améliorer la gouvernance, la transparence et le climat des affaires porteront progressivement leurs fruits. Le redressement des cours du pétrole, associé à des efforts accrus de mobilisation des recettes publiques, devrait contribuer à combler les déficits budgétaires et à limiter fortement les niveaux d’endettement à l’horizon 2024. D’après les projections, l’inflation devrait rester en deçà du critère de convergence régional de 3 %, la politique monétaire restant suffisamment restrictive pour soutenir la position extérieure. Les réserves devraient atteindre l’équivalent de cinq mois d’importations d’ici 2026. Ces projections supposent la poursuite des programmes appuyés par le FMI au Cameroun, au Gabon, en République centrafricaine et en Guinée équatoriale, et l’approbation de deux programmes appuyés par le FMI au Tchad (2021) et au Congo (2022).

Évaluation par le conseil d’administration [2]

Les administrateurs souscrivent à l’orientation générale de l’évaluation effectuée par les services du FMI. Ils observent que la position extérieure de la CEMAC reste fragile, en dépit d’un environnement extérieur plus favorable et de l’assistance financière sans précédent apportée par le FMI. Dans ce contexte, ils se félicitent de la reprise des programmes appuyés par le FMI dans la région. Les administrateurs soulignent qu’un dosage de politiques macroéonomiques strict et d’ambitieuses réformes structurelles propices à la compétitivité sont essentiels pour conforter la position extérieure et favoriser une croissance diversifiée, inclusive et durable.

Ils rappellent la nécessité d’un rééquilibrage soigneusement calibré des finances publiques pour renforcer la viabilité extérieure et la viabilité budgétaire tout en préservant la croissance. Ils recommandent de mobiliser les recettes non pétrolières et d’améliorer l’efficacité de la dépense publique, pour permettre de financer des dépenses sociales ciblées et des investissements porteurs de croissance. Les administrateurs invitent les autorités à faire un usage prudent des allocations de DTS et de l’espace budgétaire généré par la restructuration des avances statutaires .

Ils saluent le récent resserrement de la politique monétaire, qui devrait permettre de juguler la baisse des réserves et les anticipations d’inflation. De manière générale, ils conviennent de la nécessité d’un resserrement supplémentaire dans le cas où les réserves de change continueraient de s’amenuiser. Les administrateurs recommandent d’en revenir au cadre de gestion des liquidités qui prévalait avant la crise, et de réserver les opérations de liquidités normales aux banques solvables. Ils saluent l’engagement pris par la banque centrale de ne pas accorder de financement monétaire direct à ses États membres. Les administrateurs rappellent que la mise en œuvre de la réglementation des changes devrait favoriser l’accumulation de réserves internationales.

Les administrateurs sont favorables au retrait prévu des mesures provisoires d’assouplissement de la réglementation prudentielle . Ils mettent en exergue la nécessité de se diriger vers un contrôle basé sur les risques, de limiter les risques associés aux expositions des banques au risque souverain, de remédier aux niveaux élevés de prêts improductifs, d’assurer un meilleur respect de la réglementation et d’accélérer les procédures de résolution bancaire.

Les administrateurs saluent la dynamique réformatrice impulsée par le sommet des chefs d'État de la CEMAC. Ils appellent les autorités à hâter la mise en œuvre de réformes structurelles et d’amélioration de la transparence et de la gouvernance. Plus spécifiquement, les administrateurs invitent les autorités à assurer la transparence totale des finances publiques et du secteur des hydrocarbures. Ils leur recommandent également de renforcer le cadre de surveillance au niveau régional.

Les administrateurs relèvent qu’en raison d’un déficit de financement extérieur, la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) n’a pas pu pleinement respecter l’assurance donnée à propos de l’accumulation d’avoirs extérieurs nets à la fin juin 2021, qu’elle avait formulée dans une lettre de suivi du soutien à la politique économique datée de juin 2021. Ils considèrent que la BEAC a pris les mesures correctrices qui s’imposaient pour remédier à cette insuffisance. Les administrateurs souscrivent à l’assurance actualisée concernant l’accumulation d’avoirs extérieurs nets à la fin décembre 2021 et à la fin juin 2022, que le gouverneur de la BEAC avait formulée dans une lettre de suivi datée de novembre 2021. Cette assurance repose sur l’engagement de la BEAC de mettre en œuvre une politique monétaire suffisamment restrictive et sur la détermination des États membres à mettre en place des politiques d’ajustement dans le cadre de programmes appuyés par le FMI. Les administrateurs soulignent que la mise en œuvre de cette assurance sera essentielle pour garantir le succès des programmes appuyés par le FMI dans les pays membres de la CEMAC.

Les vues exprimées par les administrateurs feront partie des entretiens relatifs aux consultations au titre de l’article IV avec les pays membres de la CEMAC qui se dérouleront d’ici le prochain examen des politiques communes de la CEMAC par le conseil d’administration. Il est prévu que le prochain examen des politiques communes de la CEMAC se déroulera selon le cycle standard de 12 mois.



[1] Conformément aux dispositions de l’article IV de ses Statuts, le FMI procède, habituellement chaque année, à des consultations bilatérales avec ses pays membres. Dans le contexte de ces consultations bilatérales au titre de l’article IV, les services du FMI organisent des entretiens annuels séparés avec les institutions régionales responsables des politiques communes dans quatre unions monétaires — la zone euro, l’Union monétaire des Caraïbes orientales, l’Union économique et monétaire de l’Afrique centrale et l’Union économique et monétaire ouest-africaine. Pour chacune de ces unions monétaires, les équipes des services du FMI se rendent dans les institutions régionales responsables des politiques communes de l’union monétaire, recueillent des données économiques et financières, et s’entretiennent avec les responsables de l’union monétaire de l’évolution et des politiques économiques de l’union. De retour au siège, les membres de la mission rédigent un rapport qui sert de cadre aux délibérations du conseil d’administration. Les entretiens des services avec les institutions régionales et l’examen du rapport par le conseil d’administration font partie intégrante des consultations au titre de l’article IV avec chaque pays membre.

[2] À l'issue des délibérations, la Directrice générale, en qualité de présidente du conseil d’administration, résume les vues des administrateurs, et ce résumé est communiqué aux autorités du pays. On trouvera une explication des termes convenus utilisés communément dans les résumés des délibérations du conseil d’administration à l’adresse suivante : https://0-www-imf-org.library.svsu.edu/external/french/np/sec/misc/qualifiersf.htm

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